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« Le Rire de Cabu » : une histoire française

by Administrateur

La Région Occitanie accueille l’exposition « Le Rire de Cabu » au sein de l’Hôtel de Région de Toulouse et sur le parvis de l’Hôtel de Région de Montpellier. 400 dessins pour découvrir ou redécouvrir le talent du caricaturiste.

Dans une époque hélas souvent tragique, mais aussi pompeuse, sentencieuse, susceptible, fière, intolérante ; l’humour et l’insolence sont plus que jamais indispensables. La preuve avec l’exposition « Le Rire de Cabu » qui se tient jusqu’en juin à l’Hôtel de Région de Toulouse et sur le parvis de l’Hôtel de Région de Montpellier. Les quelques 400 dessins et documents rassemblés furent déjà exposés à Paris, mais l’événement dut être écourté en raison de la crise sanitaire. Sa reprise en Occitanie durant deux mois trouve en fait son origine dans la défense des valeurs incarnées par Charlie Hebdo dont la rédaction fut frappée par l’attentat islamiste du 7 janvier 2015.

En effet, après l’assassinat du professeur Samuel Paty en 2020, Carole Delga, présidente de la Région, décida de faire projeter sur les bâtiments régionaux des caricatures des dessinateurs de Charlie Hebdo et de Cabu. Un hommage à la liberté d’expression et de conscience auquel fut sensible Véronique Cabut, veuve du dessinateur, présente à Toulouse lors du vernissage de l’expo le 2 mai. Celle-ci contacta alors Carole Delga et proposa à la Région d’accueillir à son tour « Le rire de Cabu ». Autre symbole, l’exposition – qui se déroule à Toulouse au sein de l’espace Charles de Gaulle de l’hôtel de Région – a été ouverte au public le 3 mai, journée internationale de la liberté de la presse.

Véronique Cabut et Carole Delga © Région Occitanie – Lydie Lecarpentier

La France de Cabu

L’exposition retrace le parcours de Jean Cabut, dit Cabu, né en 1938 à Châlons-sur-Marne, à travers ses dessins pour la presse (Charlie Hebdo bien sûr, mais aussi Le Figaro, Le Canard enchaîné, Paris Match, Pilote, Hara-Kiri…), ses albums, ses collaborations pour la télévision (de Récré A2 à Droit de réponse). Ce panorama composé de sections thématiques présente aussi une certaine histoire de la France contemporaine, aussi bien dans sa dimension politique (voir notamment « Les présidents de Cabu » où l’on découvre même des dessins de Vincent Auriol et de René Coty réalisés alors qu’il n’était qu’adolescent) que dans des mouvements de fond auxquels le caricaturiste était attaché : de la critique de la société de consommation à l’écologie en passant par la condition féminine.

Charles Trenet : Narbonne mon amie © V. Cabut

Cabu, c’était aussi, et d’abord, des personnages qu’il saisissait avec son style si singulier. On retrouve naturellement le « Beauf » (caricature du Français moyen qui évolua avec le temps), « le Grand Duduche » (personnage rêveur et manière de double de l’auteur), « l’Adjudant Kronenbourg » (reflet de son antimilitarisme forgé durant un service effectué durant la guerre d’Algérie) ou l’animatrice Dorothée. Toutes les variétés des inspirations et des talents du dessinateur-caricaturiste se croisent dans cette exposition conçue par Jean-François Pitet, ami et spécialiste de Cabu avec lequel il partageait la passion du jazz. Le jazz, justement, n’est pas oublié avec un film projetant de superbes dessins dédiés à des grands jazzmen (Miles Davis, Cab Calloway…), pas plus que Charles Trenet, artiste auquel le dessinateur vouait un culte et dont il fut proche. De la première une pour Pilote à celle devenue de Charlie Hebdo devenue célèbre (« C’est dur d’être aimé par des cons… »), « Le Rire de Cabu » fourmille de documents précieux.

Nouveau beauf et Cabu : « Où allez-vous chercher tout ça ? » © V. Cabut

Toulouse vu par Cabu

Les visiteurs, et plus particulièrement les Toulousains, seront sensibles à des dessins ou des planches que Cabu consacra à Toulouse via des reportages réalisés pour Charlie Hebdo. On reconnaît Claude Nougaro, Pierre Baudis, Dominique Baudis, le site de ce que l’on n’appelait pas encore AZF et même le Père Louis en 1981 ! Ailleurs, on aperçoit Bernard Maris, croqué lors d’une conférence de rédaction de Charlie. On en revient alors au sens de cette exposition : la liberté d’expression, la lutte contre les fanatismes, les censures et les autocensures.

Cabu incarnait une vieille tradition française : anar, libertaire, pacifiste, anticléricale… Le trait pouvait être féroce, injuste, outrageant, mais il était toujours drôle. Cabu nous rappelle que l’on doit rire de tout : de la mort, de la guerre, des religions, de l’insubmersible connerie humaine. Vaste et indispensable programme…

Christian Authier

« Le Rire de Cabu », tous les jours (sauf le lundi), de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 20h. Entrée gratuite. Hôtel de Région (espace Charles de Gaulle) – 22 boulevard du maréchal Juin. Catalogue de l’exposition disponible sur place, 20 €, éditions Michel Lafon.


Le Rire de Cabu
Hôtels de Région Toulouse et Montpellier

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