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Berlioz, de la Fantastique au Retour à la vie

by Bruno del Puerto

Le concert donné à la Halle aux Grains le 4 décembre prochain offre enfin au public toulousain la rare opportunité d’assister à la réunion des deux œuvres du grand Berlioz prévues pour cela. L’Orchestre national du Capitole, sous la direction de Tugan Sokhiev, exécutera en effet, non seulement la très célèbre Symphonie fantastique, mais également… la suite, autrement dit Lélio ou le Retour à la Vie, imaginée par celui qui fut le symbole du romantisme français.

L’Orchestre national du Capitole et l’Orfeón Donostiarra dirigés par Tugan Sokhiev lors d’une exécution du Requiem de Verdi – Photo Classictoulouse –

Aussi doué qu’incompris, Hector Berlioz, qui fut sans doute à la musique ce que Victor Hugo représenta pour la littérature, a écrit l’histoire du romantisme français. Sa Symphonie fantastique, intitulée par le compositeur lui-même : « Épisode de la vie d’un artiste, symphonie fantastique en cinq parties », représente l’une des œuvres les plus connues et les plus jouées du répertoire symphonique français. Il n’en est point de même de sa « suite », Lélio ou le Retour à la Vie.

Berlioz écrit que l’œuvre « doit être entendue immédiatement après la Symphonie Fantastique, dont elle est la fin et le complément. » Lélio réutilise en effet l’idée fixe, le thème musical récurrent qui symbolise, dans sa symphonie, l’être aimé. Comme dans la symphonie, cette suite s’inspire,des amours tragiques de Berlioz avec l’actrice shakespearienne Harriet Smithson pour la symphonie, mais également avec la grande pianiste Camille Moke pour Lélio, deux femmes qui ont rompu leurs fiançailles avec le compositeur, lui faisant alors songer au suicide. Lélio est une allégorie du compositeur surmontant son désespoir et « revenant à la vie » grâce à la musique et à la littérature.

Par la suite, Berlioz donna une interprétation différente, disant que les deux œuvres évoquent exclusivement Harriet Smithson (qui devint sa femme par la suite). La symphonie décrit l’artiste désespéré essayant de se tuer par surdose d’opium, ceci créant une série de visions de plus en plus terrifiantes. Lélio parle de l’artiste se réveillant de ses rêves, méditant sur Shakespeare, sa vie triste et sur le fait de ne pas avoir de femme. Il décide alors que s’il ne peut pas oublier cet amour non partagé, il s’immergera dans la musique. Il dirige alors avec succès une de ses nouvelles compositions et l’histoire se termine bien.

Lambert Wilson © Georges Biard

Le nom Lélio est celui du héros d’un roman de George Sand, La dernière Aldini, paru en 1832.

L’oeuvre est divisée en six parties commentées par un acteur-récitant dont les monologues dramatiques évoquent la signification de la musique dans la vie de l’artiste. L’œuvre débute et se termine avec le thème de l’idée fixe, liant ainsi Lélio à la Symphonie fantastique. A l’orchestre s’associent, outre le récitant, deux chanteurs solistes incarnant Horatio, un ami de Lélio, et un Capitaine de Brigands, ainsi qu’un chœur, qui représente la communauté des brigands et des spectres de cette évocation dramatique.

Lors de ce concert, le récitant de cette grande fresque sera Lambert Wilson. Mathias Vidal, ténor et Vincent Le Texier, baryton basse, seront les deux solistes. Enfin le chœur de l’Orfeón Donostiarra et son chef José Antonio Sainz Alfaro participeront à cette représentation placée sous la direction de Tugan Sokhiev.

Par son ampleur et sa rareté, l’événement est considérable !

Serge Chauzy


Orchestre national du Capitole
samedi 04 décembre 2021 à 20h00
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