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Exposition Walter Barrientos à Odyssud

by Bruno del Puerto

“Creuser le papier. Graver le vivant” avec Walter Barrientos

L’artiste péruvien Walter Barrientos propose de découvrir ses œuvres à Odyssud Blagnac avec son exposition “Creuser le papier. Graver le vivant” jusqu’au 12 février 2022.

Neo-Botanica (6pièces uniques). Technique mixte sur papier © Liliana Brel

“À la fois figuratif et narratif, son travail est peuplé de figures humaines et animales où se côtoient des images d’hier et d’aujourd’hui, des références à sa terre natale et à son histoire personnelle. Se croisent aussi dans cet univers onirique particulièrement riche, les réminiscences des danses macabres et des calvares mexicains, des ex-voto de Frida Kahlo, de la conquête espagnole ou de la chute de l’empire incas, mais aussi la souffrance des hommes et surtout l’espoir, car l’œuvre de Walter Barrientos chargée de couleurs et de lumière s’avère capable de porter un message universel de paix, de tolérance et de partage”, explique l’espace culturel pluridisciplinaire.

Le terme de gravure désigne l’ensemble des techniques artistiques, artisanales ou industrielles qui utilisent l’incision ou le creusement pour produire une image, un texte ou toute autre inscription dans la matière. Le principe consiste à inciser ou à creuser une matrice à l’aide d’un outil ou d’un mordant (produit corrosif par exemple). Après encrage, la matrice est pressée sur du papier ou sur un autre support pour imprimer le dessin. L’œuvre finale ainsi obtenue s’appelle une estampe. Par abus de langage,  » gravure  » (tampon),  » estampe  » (procédé d’impression) et  » tirage  » (résultats) sont souvent confondus.

© Liliana Brel

« La gruvure c’est un art magique »

Avant de devenir artiste, Walter Barrientos était berger dans les montagnes péruviennes. Pendant quelques années, il a tenu un kiosque à journaux à Lima. La rencontre avec un professeur d’art plastique est l’élément déclencheur qui le pousse à s’inscrire à l’École des Beaux-Arts de Lima en 1985, il suit des cours de peinture. “Mais il se tourne rapidement vers la gravure pour ses opportunités plastiques alliant la gestuelle du sculpteur aux couleurs du peintre”, raconte Odyssud Blagnac. Après quelques années, il retourne chez lui dans les montagnes à plus de 4000 mètres et poursuit la création de ses œuvres en gravure.

Walter Barrientos © Liliana Brel

L’artiste explique ce qui l’anime dans cet art :  » J’aime la gravure car c’est une technique qui accompagne l’histoire de l’être humain depuis des décennies. S’il n’y avait pas eu la gravure, de nos jours on ne pourrait pas reproduit les tableaux que nous pouvons retrouver dans les églises « . Il ajoute :  » Par conséquent, je fais cet art pour que cette technique ne disparaisse pas. La gravure c’est un art magique. Elle raconte des histoires et j’espère qu’elle continuera « . Ses productions sondent l’histoire d’hier et d’aujourd’hui, et interrogent le regard des visiteurs sur le monde actuel avec beaucoup d’acuité, de sensibilité et de sincérité. Ses gravures, marouflées, écrasées, trouées, cousues, arrachées, collées, sont fabriquées à partir de matériaux composites et inappropriés, jetés au rebut et laissés pour compte par la société.  » Je travaille beaucoup avec des matériaux de récupération. C’est plus écologique. Je pense que nous avons déjà abîmé la nature, alors si on peut faire du recyclage, je l’effectue en choisissant des objets respectables de l’environnement ».

© Liliana Brel

“L’art de Barrientos exploite un procédé de reproduction de l’image ; ses estampes sont pourtant des œuvres uniques. Réalisées dans un premier temps de manière mécanique, elles sont entièrement retravaillées, rehaussées à l’huile ou encollées d’éléments divers, papier, tissus, le tout empruntant à la technique du patchwork”, détaille Odyssud Blagnac. “Les peintures de Barrientos sont tout aussi intéressantes dans leur conception, elles sont le produit d’un assemblage minutieux de divers matériaux. Construites comme un puzzle, dans leurs références et leurs matérialités, elles jouent de cette même ambiguïté plastique que les estampes entre formes hybrides et classiques à la fois.

L’artiste insiste que dans « les années 90, les écoles de beaux-arts ont essayé de supprimer cette technique car elle était démodée. Mais rien ne peut l’être si on donne l’opportunité de recréer quelque chose de nouveau avec cet art. Donc, c’est une technique très noble qui porte beaucoup de messages ».

Liliana Brel

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