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« A la belle étoile » de Sébastien Tulard

by Bruno del Puerto

Yazid est né dans un environnement social et familial qui ne le prédisposait pas à devenir le plus grand pâtissier du monde. Sa passion va pourtant l’emporter au sommet d’un Everest culinaire. C’est une histoire vraie que nous raconte Sébastien Tulard. Une belle histoire rattrapée malheureusement par une actualité moins brillante…

Le scénario de ce film est une adaptation du livre autobiographique écrit par Yazid Ichemrahen, né à Epernay en 1991 de parents marocains. Yazid grandit dans une famille d’accueil de 2 à 10 ans puis fréquenta différents types de foyers. Il va découvrir la pâtisserie à l’âge de 14 ans.  C’est le coup de foudre et l’intuition peut-être aussi d’un talent exceptionnel.  Il va se former auprès des grands chocolatiers et devient champion du monde du dessert glacé en 2014.  Joel Robuchon l’engage à Monaco. Puis il ouvre une pâtisserie très haut de gamme en Avignon avant de s’étendre à l’international (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Ce sont les débuts, jusqu’au championnat mondial, que nous conte Sébastien Tulard. Fortement documenté, le film nous fait pénétrer les coulisses ultra-violentes des grandes cuisines, lieu d’expression forcenée et pathologique des égos les plus surdimensionnés de notre société. Et l’on ne peut s’empêcher de se demander comment, à notre époque, de telles relations, sous prétexte fallacieux d’excellence, sont encore permises.  Bref, ceci étant, le cursus d’apprentissage de Yazid, qui plus est maghrébin, ne fut pas un chemin facile. Pugnace, le jeune homme se fraie malgré tout une place, se faisant reconnaître de la profession. La cuisine, et particulièrement la pâtisserie, est très photogénique. Je vous mets au défi de ne pas saliver plus d’une fois sur ces images de desserts les uns plus damnatoires que les autres. Le film est porté par la performance d’un jeune acteur de 24 ans, Riadh, influenceur également de son état. Désarmant de naïveté mais aussi de combativité, il incarne ce héros des pianos aux yeux candides franchissant les pires avanies avec une résilience stupéfiante. Seule compte pour lui la réussite de ses ambitions. A ses côtés des seconds rôles marquants : Estéban en sous-chef tyrannique (mais oui !!!), la famille d’accueil, Christine Citti et Patrick d’Assumçao, bouleversants d’empathie pour le jeune homme, Saïd Benchnafa en tuteur conscient des capacités du gamin. Vraiment un très beau film qui montre combien la persévérance et la confiance en soi peuvent être des vertus cardinales dans le travail.

Une actualité qui égratigne l’image du wonder boy

Malheureusement, hors film, il est difficile de ne pas regretter combien la suite de l’aventure de Yazid est désolante. Il est aujourd’hui jugé pour escroquerie à l’assurance, une escroquerie qu’il a très vite reconnue. Peu de choses, 40 000€, mais tout de même. Il se trouverait dans une situation financière difficile (?). Cela ne justifie rien. Dommage…

Robert Pénavayre

Cinéma

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