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« La Passagère » d’Héloïse Pelloquet

by Bruno del Puerto

La Passagère, un film de Héloïse Pelloquet

Chiara, la quarantaine flamboyante, est mariée depuis plusieurs années avec Antoine, pêcheur de crustacés dans un petit port atlantique.  Le couple fonctionne on ne peut mieux.  Le besoin d’un coup de main se faisant sentir, Antoine décide de prendre un apprenti, Maxence.

Cécile de France (Chiara) et Félix Lefebvre (Maxence) / BAC films

Le jeune homme, issu d’une classe bourgeoise bien campé sur ses privilèges, se familiarise comme il peut à ce métier très physique, sans oublier le mal de mer…  Antoine a des responsabilités syndicales européennes et en plein Brexit doit s’absenter pour participer à une commission.  Il n’en faudra pas plus à Chiara et Maxence pour franchir un cap que certains regards depuis quelques temps laissaient entrevoir. Une relation adultérine !   Oui, certainement. Mais ce que veut nous montrer la réalisatrice dans ce premier long métrage est tout autre chose. C’est d’abord la soif de liberté sensuelle de Chiara. Elle n’a pas cette relation à vrai dire torride, dont pas grand-chose nous est cachée et à de très (trop) nombreuses reprises, juste pour tromper son mari ou bien parce qu’elle s‘ennuie. Ou bien encore dans le but transgressif de s’octroyer du bon temps avec un homme, jeune certes, mais surtout d’une classe sociale supérieure à la sienne. En fait ce film nous parle du plaisir au féminin. Un plaisir sans frein ni tabou. En prenant Cécile de France comme ambassadrice de ce plaisir retrouvé, Héloïse Pelloquet ne pouvait trouver mieux tant cette actrice transcende les codes habituels par sa robustesse et le naturel lumineux qu’elle irradie. Maxence n’est autre que l’ange blond découvert par François Ozon dans son magnifique Eté 85 : Félix Lefebvre. Totalement magnétique autant que solaire, il incarne un jeune homme submergé par le désir charnel avec un naturel confondant de sincérité. Peut-être la scène finale, celle du divorce, n’était –elle pas indispensable, d’autant que, juste avant, un magnifique plan plein cadre sur le visage radieux d’une Chiara en partance pour un avenir qui ne l’est pas moins, aurait laissé le spectateur sur le chemin de tous les possibles. Mais bon, ceci est une autre affaire.

Un film sulfureusement romantique.

Robert Pénavayre

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