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Vampire humaniste cherche suicidaire consentant d’Ariane Louis-Seize

by Anthony del Puerto

Entre film de vampire, comédie et récit d’apprentissage, la réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize signe un premier long au charme fou.

Vampires

Les premières séquences nous plongent dans une famille singulière. Ce sont des vampires d’aujourd’hui, avec les soucis quotidiens des humains, entre autres se nourrir. Or, il est bien connu que ces habitants de la nuit ne connaissent en la matière que notre sang. Débat houleux en perspective, qui va à la chasse cette nuit ? 

La mère en a marre, c’est toujours elle qui s’y colle.  Heureusement, le ton se radoucit car c’est l’anniversaire de Sasha, la petite dernière. Surprise, en plus d’un gâteau, ses parents ont invité un clown. Enfin, invité, façon de voir les choses… Problème, Sasha ne semble pas du tout, mais pas du tout attirée par les meurtres de ses parents pour nourrir la maisonnée. Elle est une boule d’empathie envers les humains. Au point même que les fameuses canines ont du mal à percer.  Le temps passe, pas très vite chez ces gens-là. Elle a 68 ans et en paraît 15.

Malgré les imprécations de sa famille, à l’exception de son père qui la comprend (ah, ces papas avec leur fille !!), Sasha se refuse à saigner elle-même un humain. Elle absorbe donc les poches de sang bien au froid dans le frigo en lieu et place de nos laitages préférés.  Un soir (évidemment car les vampires ne supportent pas le jour), elle se rend à une thérapie pour personnes suicidaires. C’est là qu’elle fait connaissance avec Paul, un ado de son âge, humain, en marge de la société, un brin lunaire et n’aspirant qu’à quitter ce monde.

Le coup de foudre est immédiat. Et réciproque.

Si cela vous rappelle la saga Twilight, c’est normal, c’est la même histoire. Sauf qu’ici nous sommes face à une réalisatrice qui, loin des effets spéciaux, conjugue l’humour (et l’accent québécois n’y est pas pour rien), l’émotion et une tendresse qui se répondent en une sinusoïde de sentiments confondante de virtuosité. Follement romantique, ce film sur la fin de l’adolescence et l’acceptation de sa différence, est porté par deux jeunes comédiens sidérants.

Sara Montpetit déploie des trésors de mystère dans un jeu subtil baigné d’ambigüités dévastatrices. Face à elle, Félix-Antoine Bénard s’impose par ses silences, ses regards perdus traduisant un désespoir sans fond. Avec une économie de moyens remarquable, il trace un portrait incroyablement sensible d’une jeunesse en perdition. Les seconds rôles sont au cordeau, comme souvent chez nos amis de la Belle Province.

Résultat, un film délicieusement horrifique, pour rire certes, mais formidablement émouvant.

Robert Pénavayre


Les Bonnes Adresses 2

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