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Singing in the rain de Stanley Donen et Gene Kelly

by Anthony del Puerto

Singing in the rain : Une parodie qui en dit long sur l’arrivée du parlant à Hollywood

Sortie en 1952, cette comédie musicale hollywoodienne signée Stanley Donen et Gene Kelly retrace une période plus qu’importante du 7ème art  : l’arrivée du parlant à Hollywood dans les années 1920.  Debbie Reynolds, Donald O’Connor et bien entendu Gene Kelly animent l’écran par la danse, un ton burlesque qui ne trompe pas et bien évidemment le chant car le cinéma doit à présent faire entendre sa voix ou plutôt ses voix.

La chute d’une étoile

Et il faut admettre que celle du personnage Lina Lamont (Jane Hagen), qui connaît une apogée immense aux côtés de son partenaire Don Lockwood (Gene Kelly), est tout sauf agréable à entendre ; l’enjeu est de taille pour son entourage : comment continuer à vendre du rêve sans dévoiler l’horreur de sa voix, trop aiguë et peu audible pour un public émerveillé par ce couple idéal qu’incarne Lina et Don à l’écran ? Le mythe peut à tout moment s’effondrer…

On pourrait citer une scène assez marquante qui, par le gag révèle bien le défi que représente l’arrivée du son au cinéma, en particulier pour la technique. Lina et Don tournent un nouveau film cette fois-ci parlant, et il faut parvenir à placer le fameux micro qui captera la voix de l’actrice.

Mais cela sera suivi d’une série d’échecs où les situations sont toutes plus ridicules les unes que les autres. « Il faut qu’elle parle dans le micro !»  finit par s’exclamer un technicien du studio d’enregistrement. D’abord, le micro est caché dans le buisson qui se trouve juste en face de Lina, puis cousu dans sa robe au niveau du décolleté, pour finir sur son épaule droite mais tout cela sans succès.

Photo Micro Lina
 Le micro cousu sur l’épaule droite de Lina Lamont

Voix et Corps réconciliés 

C’est l’historien du cinéma Michel Chion qui écrit dans son ouvrage La voix au cinéma : « Tout le monde sait que Singing in the Rain a fait de ce genre de situation la matière de son récit et de notre plaisir en passant en revue les étapes du mariage annoncé entre la voix et le visage. ». 

L’entrée en scène d’une jeune danseuse méconnue du public Kathy Selden ( Debbie Reynolds) va bouleverser et sauver Don Lockwood ainsi que sa bande. Elle a la voix parfaite et Don en est sous le charme. Ainsi, elle permet à la capricieuse Lina de rester à l’image et de lui donner une voix dite de cinéma. Mais le doublage n’aurait-il pas ses limites ? En effet, Kathy Selden est dans l’ombre de Lina Lamont et la vérité doit éclater d’une manière ou d’une autre.

La scène finale, pour ne pas trop en dévoiler, incarne cette relation entre image et son : Lina en playback et Kathy derrière le rideau chantant l’incontournable Singing in the rain.  Que se passerait-il s’il se levait et dévoilait la véritable voix ?

Photo Rideau
 Scène finale du film : Lina Lamont est doublée par Kathy Selden

Quelques scènes cultes 

L’amour et la pluie

Lorsque l’on pense au film Singing in the rain certaines scènes nous viennent naturellement à l’esprit comme celle où Gene Kelly fredonne ce même air et danse sous la pluie qu’il ne sent même pas, aveuglé par l’amour qu’il éprouve pour Kathy Selden.  Au contraire des autres, il reste sous cette pluie abondante qu’il prend le temps de savourer comme dans un rêve. C’est l’une des scènes emblématiques de Singing in the rain.

Une critique du rêve américain

Le film propose à un moment une mise en abîme réussie où Don Lockwood joue un américain arrivant à New York. Il souhaite réussir, rencontrer du beau monde, se faire une place. Il atterrit dans une soirée très huppée Broadway où il est séduit par la belle danseuse Cyd Charisse. La scène de danse est magnifique et la complexité des personnages est à son comble. 

Mais très vite, elle détourne son regarde vers d’autres hommes plus riches que lui. Il ne fait en réalité pas parti de ce monde. La quête du succès est un thème récurrent dans Singing in the rain et devient même l’objet d’une critique de la société américaine.

Cyd Charisse Photo

Don Lockwood et Cosmo Brown : un show permanent.

Ce ne sont pas les moments où les deux amis d’enfance se mettent en scène qui manquent dans ce film. Le personnage de Donald O’Connor joue un rôle important, notamment dans son amitié avec celui de Gene Kelly.  Leur complémentarité et leur folie nous font vivre des moments drôles mais aussi de véritables performances artistiques. La scène où le personnage de Gene Kelly prend des cours de diction avec un professeur issu de la vieille école est devenue elle-aussi culte. Tous deux parodient ces exercices ennuyeux à travers le chant et la danse. Ou encore, la scène très physique réalisée par O’Connor avec sa célèbre chanson  Make them laugh face à un Don Lockwood découragé de ne pas retrouver le succès. C’est d’ailleurs sur cela qu’est basé en partie le duo : la volonté de réussir et de se faire une place à l’écran tout en gardant une légèreté d’esprit.

Sara Kraus


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