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« L’Homme qui danse » de Victor Jestin

by Ines Desnot

Le second roman de Victor Jestin L’Homme qui danse, publié chez Flammarion, nous plonge dans les errances nocturnes d’un homme solitaire.

Victor Jestin L'Homme qui danse
Victor Jestin © Pascal Ito

Arthur est un petit garçon pas très populaire. Aussi, lorsqu’un copain de classe l’invite à son anniversaire, car un autre a annulé, il exulte de joie. Le jour J, tous les enfants se retrouvent sur le parking d’un endroit nouveau. La Plage. La nouvelle discothèque de la ville. Arthur panique, il ne sait pas danser, il ne sait pas comment sociabiliser. Guy, le patron de la boîte, essaie de le mettre à l’aise, de lui dire de danser, que c’est facile, que tout le monde peut le faire. Mais Arthur résiste et Guy finit par perdre patience. Le petit garçon fuit et se rappellera toujours de cette après-midi-là. Adolescent, Arthur est toujours aussi gauche mais, lorsqu’on lui propose de retourner à la Plage, il accepte. Là-bas, même embarras qu’alors, il est tétanisé. Plus tard, il décide enfin de prendre des cours, d’affronter sa paralysie. Arthur est résolu à apprivoiser le dancefloor de la discothèque.

Jusqu’au bout de la nuit

Cela fait des années qu’Arthur fréquente la Plage. Impossible de manquer un soir. Dès qu’il sort de la salle de sport – où il travaille à l’accueil – il file danser. Seul. Parfois, il ose tendre une main, esquisser un sourire. Parfois, une fille lui répond et il passe la nuit avec elle. Arthur voudrait que ces flirts se transforment en amour, mais les filles partent aussitôt. Il se questionne, doute, désespère parfois. Il retourne sur la piste de danse, celle qui le console de tout. Il danse, sans faillir. Les années passent, la famille s’étonne de son mode de vie. Les regards deviennent suspects, gênant même.

Victor Jestin suit le parcours d’un homme solitaire qui rêve d’amour et de fusion. Il montre les fragilités et les failles de son personnage avec une bienveillance extrême. Une posture qui permet de donner encore plus la voix à ceux qui – comme son personnage – cherche dans la nuit une lueur d’espoir. Un second roman très bien mené et subtil.

Sylvie Vaz

Victor Jestin, L’Homme qui danse, Flammarion, 192 p.

Littérature

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