Nina Bouraoui, l’éternelle envoûteuse
Nina Bouraoui publie Satisfaction aux éditions J.C Lattès. Une confession intime entre nostalgie et désir.
Madame Akli est mariée à Brahim, jeune algérien doux et amoureux. Après l’indépendance, ils décident de s’installer en Algérie. Retrouvailles pour l’un, découverte pour l’autre. Ses paysages, ses odeurs. Mais bientôt l’ennui ronge Madame Akli. Son seul territoire devient leur maison sur les hauteurs de la ville. Et son fils. Erwan qu’elle chérit plus que tout. Et qu’elle a peur de perdre. De le voir s’éloigner. Lorsqu’il retourne à l’école, la mère plonge dans une solitude difficile à nommer. Alors elle va écrire. Dans ses carnets, elle dira tout, ses émotions secrètes et ses peurs. Elle parlera aussi de son mari qu’elle n’aime plus et des amants imaginaires qu’elle convoque. Des hommes brutaux qui éveillent son désir. Ses carnets deviennent le prolongement d’elle-même.
Puis, un jour, en récupérant son fils à la sortie de l’école, elle fait la connaissance de Bruce, la nouvelle camarade de classe d’Erwan. La jalousie aussitôt la saisit. Et si Bruce prenait la place qu’elle occupe ? Car Bruce est fascinante. La jeune fille fan de Bruce Lee – d’où le surnom – captive Erwan. Ils deviennent inséparables. Et cela contrarie la mère, jusqu’à ce qu’elle rencontre la mère de Bruce. Catherine.
L’histoire d’une fascination
Catherine est belle, sensuelle, libre. Madame Akli est sous le choc. Subjuguée. Bientôt les pages de son carnet ne parleront que d’elle. De cette admiration entre gêne et désir. Car les deux femmes sont si différentes. Mais l’attraction est plus forte que tout. Catherine devient centre des pensées. Tout est prétexte pour passer du temps avec elle, vivre près d’elle. Cette femme accessible et à la fois insaisissable. Marié à un homme riche, souvent absent. Catherine raconte ses aventures, ses amants. Ses rêves. Un monde sépare les deux femmes dont les audaces sont si contraires. Madame Akli se méprise de ressembler si peu à celle qui l’électrise. L’amour si proche de la haine.
Nina Bouraoui tisse cette rencontre avec beaucoup de charme, de sensualité. De mystère aussi. Les carnets intimes de Madame Akli prennent chair. Construisent et déconstruisent des réalités floues, magnétiques. Tel est le vertige dont nous a souvent accoutumé Nina Bouraoui. Une sorte de mirage qui s’ancre avec force et poésie. Un tourbillon délectable !
Nina Bouraoui, Satisfaction, J.C Lattès, 250 p.
Photo : Nina Bouraoui © Patrice Normand.