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Prendre de l’altitude avec Jérémy Rollando

by Ines Desnot

Jeune guitariste et compositeur de 25 ans, le toulousain Jérémy Rollando est lauréat 2022 du Prix Nougaro, décerné par la Région, dans la catégorie Musique instrumentale. L’artiste sortira prochainement son premier album, « La Montgolfière ». Une sortie accompagnée d’une série de concerts. À cette occasion, Culture 31 s’est entretenu avec le mélomane. Rencontre.

Jérémy Rollando
Jérémy Rollando © Victoria Ournac

Culture 31 : Votre instrument de prédilection est la guitare. Qu’est ce qui vous a amené vers elle ?

Jérémy Rollando : Je ne sais pas si c’est moi qui suis allé vers la guitare ou la guitare qui est allée vers moi ! (Rires). En fait, mon père est musicien professionnel depuis très longtemps et a beaucoup joué avec des guitaristes connus dans la région, comme Bernardo Sandoval, Serge Lopez, Kiko Ruiz… Des artistes qui sont plutôt dans le flamenco. Du coup, j’avais tout le temps des guitaristes chez moi. Donc je me suis assez naturellement dirigé vers cet instrument.

Vous êtes lauréat de l’édition 2022 du Prix Nougaro, dans la catégorie Musique instrumentale. Le titre « Altitude », très onirique, avait alors été plébiscité. Quelles émotions pensez-vous procurer aux gens lorsqu’ils l’écoutent ?

« Altitude » fait partie du paysage de mon album à venir, « La Montgolfière ». J’essaie de raconter des histoires avec les instruments, ce qui se passe dans ma tête. Souvent, j’ai des idées de compositions dans mes rêves. J’essaye de m’en souvenir et de les refaire en mieux.

Vous racontez donc des histoires sans les mots, rien qu’avec la musique.

Certains parlent de « poésie instrumentale ». Ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que ça correspond assez bien quand même !

Vous l’avez évoqué, vous allez prochainement sortir un premier album, « La Montgolfière », dont vous avez d’ores et déjà dévoilé le titre éponyme. Quelles ont été vos influences et à quoi peut-on s’attendre ?

J’ai réalisé l’album en binôme avec mon père. C’était une chouette expérience de partager ça avec lui. Il fait de la percussion, et a toujours aimé la musique de film. Ennio Morricone par exemple. Donc j’ai un peu baigné là dedans, et en même temps dans le flamenco toulousain, qui est déjà une réinterprétation du flamenco en soi. Bernardo Sandoval, Serge Lopez, et les autres ont ouvert des portes. J’essaie de reprendre un peu ce qu’ils ont fait en le plaçant dans un autre contexte, dans un autre paysage. Je propose une sorte de tour du monde. On passe par l’Espagne, par l’Afrique du Nord, ou encore en Bretagne, puisque je suis breton à l’origine. « La Montgolfière », c’est un mélange d’un peu tout ça.

Vous l’avez dit, sur ce projet, vous êtes accompagné de votre père, Pascal Rollando, aux percussions, mais aussi de Jean-Luc Amestoy au piano et à l’accordéon, ainsi que d’Emmanuel Forster à la contrebasse. Comment est-ce de travailler avec cette équipe ?

Génial ! Jean-Luc Amestoy est quelqu’un que j’écoute depuis que je suis gosse, et je rêvais vraiment de jouer avec lui un jour. Et finalement, c’était son initiative de me dire « écoute Jérémy, j’aimerais bien qu’on essaie de faire un truc avec ton père ». Parce qu’on avait déjà travaillé ensemble sur un autre projet, celui d’une chanteuse. Moi, je n’aurais jamais osé lui demander. C’est vraiment un honneur. C’est un artiste qui transpire la musique.

Pour ce qui est d’Emmanuel Forster, c’est quelqu’un qui sort du conservatoire de Paris, en jazz, et qui a un son énorme. Il amène vraiment la patte jazz à la musique que j’écris, que justement je ne souhaite pas être 100% jazz. Je trouve qu’il y a un côté un peu élitiste dans le jazz, auquel je n’adhère pas forcément. Je crois qu’il faut que ça reste populaire.

Vous serez en concert à l’Espace Saint-Cyprien, sur la scène du Chapeau Rouge, les 9 et 10 mars prochains. Comment appréhendez-vous cette salle ?

Je suis hyper content parce que, Le Chapeau Rouge, c’est un lieu où j’ai pris l’une de mes premières claques musicales. J’étais allé voir Jacky Grandjean. Selon moi, c’est quelqu’un qui a révolutionné la basse dans la région toulousaine. Il est malheureusement décédé en 2017. Comme je l’avais vu au Chapeau Rouge, j’ai toujours eu une attirance pour cette salle. C’est une petite salle. Elle ressemble à Toulouse je trouve. C’est chouette. On a toutes les conditions d’une salle de spectacle, avec un beau système son, mais ça reste à taille humaine. Je crois qu’il y a 100 places, donc on peut avoir un vrai contact avec le public. Je suis très content de pouvoir y proposer ce spectacle, pour la première fois.

D’autres concerts sont prévus par la suite. Est-ce une tournée régionale ou nationale ?

Une tournée régionale. Mais j’espère qu’elle deviendra nationale ! (Rires).

À côté, vous êtes également guitariste et/ou arrangeur pour d’autres artistes. Qu’est ce que cela vous apporte ?

Pour l’arrangement, j’ai notamment accompagné Sylvain Cazalbou, qui fait de la chanson française, et Martine Cabrel, pour qui j’ai aussi fait des compositions. Depuis peu, je me suis aussi consacré aux parties de guitare sur le projet de Serge Lopez. Ça me permet de toujours me nourrir d’autres influences, de choses vers lesquelles je ne serais pas allé naturellement. Par exemple, j’avais horreur de la chanson française. Puis au final je me suis réconciliée avec elle, notamment grâce à Sylvain Calzalbou, qui en est absolument fan. Forcément, quand quelqu’un est passionné, c’est facile de rentrer dans son monde. Et en fait j’ai adoré travailler dans la chanson française. Sa simplicité mélodique est un truc essentiel qu’il n’y a pas toujours dans la musique instrumentale, jazz, ou classique.

En parlant de chanson française, est-ce qu’un jour on vous entendra chanter, à proprement parler, sur un album ?

Ça viendra peut-être ! Sur scène déjà, je chante des chansons. Notamment un texte de Philippe Sarde, qui était interprété à l’époque par Romy Schneider. Ça, je ne pouvais pas le mettre dans l’album parce que je n’ai pas les droits, mais j’aurais bien aimé. Cette chanson sera jouée au Chapeau Rouge. En tous cas, j’aime de plus en plus en chanter, même si jusqu’ici j’avais tendance à me cacher derrière ma guitare. Ça amène le public encore ailleurs.

Quelles sont vos aspirations pour la suite de votre parcours ?

Déjà, une vingtaine de dates vont être calées sur cette année donc c’est chouette. J’aimerais bien aussi sortir de la région en 2024. Même si je l’adore. J’ai envie de découvrir un peu plus la France, et pourquoi pas l’étranger ! Je travaille dans ce sens donc j’espère que ça va arriver. Et j’ai déjà commencé le deuxième album.

En attendant ce deuxième album, auriez-vous une phrase pour convaincre le public, toulousain ou non, d’écouter « La Montgolfière » à sa sortie ?

On me dit tout le temps que j’ai la tête dans les nuages, je vous invite donc à découvrir ce qu’on voit de là-haut.

Propos recueillis par Inès Desnot

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