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« Amsterdam » de David O. Russell

by Ines Desnot

En réalisant cette fiction largement inspirée d’un fait réel, David O. Russell nous apprend comment, avant la Seconde Guerre, le monde a été à deux doigts de vivre un bouleversement majeur.

Peu de personnes connaissent ce qui dans l’Histoire a été baptisé The Business Plot. En fait il s’agit d’un complot ourdi en 1933 par des puissances financières de par le monde et plus particulièrement celles qui tenaient le haut du pavé à Wall Street. Ce complot visait à renverser le Président des Etats Unis, Franklin D. Roosevelt, et à le remplacer par une organisation d’anciens combattants fascistes dirigée par le Général Smedley Butler (1881-1940). Il n’y a rien de plus authentique, aussi incroyable que cela paraisse aujourd’hui. Quoi que…

Christian Bale (Dr Berendsen), Margot Robbie (Valérie) et John David Washington (Harold)

Pour nous narrer cette désolante histoire, le réalisateur d’Happiness Therapy (2013) tricote une fiction absolument jubilatoire comme, il faut bien le reconnaître, seuls les Américains savent faire. Un peu loufoque sur les bords, malgré le sujet, le film nous met dans les pas de trois personnages que la guerre de 14/18 a réunis dans une indéfectible amitié. Il y a le Docteur Berendsen, une gueule cassée dont l’œil de verre n’arrête pas de prendre la tangente (Christian Bale à son meilleur), Harold et sa moitié de joue laissée dans les tranchées (John David Washington totalement épatant) et Valérie, cette infirmière énigmatique (Margot Robbie irrésistible).  Ce sont eux qui vont mettre de l’huile dans les rouages d’un scénario qui, sinon, aurait pu devenir un modèle de thèse.

L’humour, les sentiments, en particulier l’amitié, l’action, le suspense, le drame et cette péripétie ultra dangereuse de notre Histoire de déroulent dans une reconstitution de cadres et de costumes à couper le souffle, le tout dans une lumière d’une richesse incroyable donnant à chaque plan une saveur surannée de toute beauté. Cerise sur le gâteau, et pas des moindres, Robert de Niro himself endosse la tenue du Général Smedley, alias ici Gill Dillenbeck.  C’est lui qui, sollicité par le toxique Groupe des cinq, ira finalement témoigner en 1934 devant le Comité spécial de la Chambre des représentants des Etats Unis pour les activités anti-américaines. Celui-ci constatera effectivement l’existence du complot. Mais les personnes instigatrices, propriétaires des plus puissants médias, usines chimiques, banques et autres, ne seront jamais…poursuivies. Sacrés Américains !

Un film à voir, même si un peu long, véritable condensé de l’expertise hollywoodienne en matière de cinéma conjuguant plaisir et Grande Histoire.

Robert Pénavayre

Cinéma

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