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« Les retardataires ne sont pas admis en salle » d’Emmanuel Plane

by Bruno del Puerto

Chaque semaine, on vous invite à lire une nouveauté, une réédition, un classique ou un livre injustement méconnu.

L’amour du cinéma est affaire de mémoire, de nostalgie, de temps perdu et retrouvé. Tout au long de sa vie de cinéphile, on collectionne dans les films vus et revus des répliques, des scènes, des musiques qui deviennent des mots de passe intimes et parfois partagés puisque d’autres les ont aussi épinglés dans leur cerveau ou sur un carnet. La preuve avec Emmanuel Plane qui vient de publier avec Les retardataires ne sont pas admis en salle l’un des livres les plus singuliers autour du cinéma. Durant trois ans, il a revu des films aimés afin de lister des détails indépendamment de l’intrigue ou du propos : « Une adresse, un numéro de téléphone, une plaque minéralogique, une réplique cinglante, une apparition inattendue, une situation cocasse… »

Baisers volés / Avenue Trudaine, XVIIIe © E. Plane

Prenant le contrepied du Je me souviens de Georges Perec, chacune de ses phrases débute par « Je ne me souvenais pas… » et il revisite ainsi cent longs métrages qui constituent par petites touches une sorte de kaléidoscope faisant apparaître entre les lignes des images enfouies ou intactes. Dans sa sélection de films, on retrouve notamment Le Voleur de bicyclette, A bout de souffle, Un Frisson dans la nuit, Paris, Texas, Double messieurs ou The Big Lebowski et pas moins de neuf Truffaut tandis que Patrick Dewaere n’est jamais très loin.

Superpositions

Par ailleurs, Les retardataires ne sont pas admis en salle comprend également un cahier photos car, ainsi que le confie l’auteur dans son introduction, « après avoir marqué dans le temps ces moments précieux, j’ai aussi cherché à les inscrire dans l’espace. J’ai sillonné Paris à vélo avec des captures d’écrans imprimées sur papier photo à la recherche des lieux où les films avaient été tournés. Je me suis amusé à superposer le passé et le présent dans la même image. » Un travail que l’on peut aussi retrouver sur le compte Instagram d’Emmanuel Plane consacré aux lieux de tournage @le superposeur et qui fait l’objet jusqu’au 4 janvier 2023 d’une exposition au salon du cinéma Le Louxor à Paris.

« La frontière entre le passionnel et l’obsessionnel est ténue : je la franchis souvent, dans un sens comme dans l’autre, puisqu’aucun visa n’est demandé », lit-on encore sous la plume de ce fétichiste du septième art qui nous rappelle à l’instar de François Truffait dans La Nuit américaine que « Les films sont plus harmonieux que la vie ».

Christian Authier

UN LIVRE POUR LE WEEK-END


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