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Orchestre national du Capitole – Tabita Berglund (direction)

by Administrateur

Tabita Berglund ouvre le bal des cheffes à la tête de l’OnCT

La Scandinavie semble être la nouvelle pépinière, une réserve de talents question direction d’orchestre. La norvégienne violoncelliste Tabita Berglund sera à la Halle à la tête des musiciens de l’Orchestre national du Capitole le samedi 8 octobre pour un Happy Hour à 18h. Au programme, Prélude et Mort d’Isolde de Richard Wagner suivi de la Symphonie n°1 de Jean Sibelius.

Tabita Berglund © Nikolaj Lund

Tristan et Isolde, Prélude et mort d’Isolde

L’opéra de Richard Wagner fut créé le 10 juin 1865 à Munich au Théâtre de la Cour en présence du roi Louis II de Bavière. Hans von Bülow dirige.

L’effectif orchestral est impressionnant pour un opéra et mérite quelque énumération. On y retrouve deux harpes, timbales et cymbales, quatre cors, trombones et trompettes par trois, un tuba, trois flûtes, deux hautbois, un cor anglais, trois bassons, deux clarinettes en la, deux en si bémol ! une basse en la, une basse en si, et bien sûr tous les pupitres de cordes suffisamment fournis.

Le début et la fin de Tristan und Isolde sont habituellement connus sous l’intitulé « Prélude et Liebestod ». Ils se trouvent fréquemment réunis lorsqu’ils sont donnés en concert, une pratique remontant jusqu’à Wagner qu’il a lui-même mise au point. Le Prélude retrace l’amorce du Désir depuis « le frémissement le plus tendre »jusqu’au « terrible épanchement d’un amour avoué mais sans espoir » qui, finalement, « s’effondrera sur lui-même, impuissant », bien qu’en réalité inextinguible dans la mort. Cependant que dans le Liebestod qu’Isolde chante sur le corps sans vie de Tristan, «  ce que le destin a séparé durant la vie renaît à la vie transfigurée par la mort ». Isolde se voit enfin accorder l’exaucement sacré d’un désir ardent, « union éternelle dans l’infini de l’espace , sans barrières et sans chaînes inséparables ! »

Mort de Tristan et d’Isolde

Pour reprendre avec les leimotive si nombreux, dans les premières mesures, la fin du leimotiv Le Malheur de Tristan, est noyé dans celui du Désir. Arrive le leimotiv de Tristan auquel s’enchaîne celui du Regard de Tristan, regard qui, naguère, a éveillé la flamme dans le cœur d’Isolde alors qu’elle levait le glaive pour frapper Tristan. Puis, ce seront les accords pour le Philtre d’Amour et le Philtre de Mort à l’opposition harmonique. Enfin, après un grand crescendo ce sera La Délivrance par la Mort. Seules quelques mesures et tout est déjà conté.

L’orchestre enchaîne sur la fin de l’œuvre, l’incomparable lamentation d’Isolde étant alors remplacée par un tissu musical dans lequel on retrouve aussi les leimotive de l’Invitation à la Nuit, le Chant d’Amour, le Regard à nouveau, le Tristan blessé. L’hymne final de la Mort d’Amour se fait entendre tandis que thèmes nocturnes, mélodies de bonheur et d’extase se gonflent en flots irrésistibles avec le Chant de la Mort. La montée du Désir se dessine une fois encore, inachevée, le drame se concluant sur trois accords… définitifs.

Pour faire simple, un leimotiv est une mélodie courte, caractéristique, le plus souvent harmonisée, attachée exclusivement à un personnage (Tristan, Isolde, le roi Marke), à un objet (le Philtre, la Mer), à une émotion (la colère, le désir) ou à une notion abstraite ( la solitude, la mort). Grand innovateur par l’utilisation qu’il en fait, Wagner le fait se plier avec une incroyable sensibilité de rythme et d’harmonie aux exigences du Drame. Il en épouse les fluctuations et suit avec souplesse les métamorphoses de l’Image qu’il personnifie.

Profitons-en enfin pour rappeler l’opinion d’un certain Richard Strauss considérant que Richard Wagner a mis un point final divin à toute la musique romantique par l’accord le plus parfaitement orchestré de toute l’histoire de la musique, ce fameux accord de Tristan que d’aucuns considèrent comme les prémices du modernisme musical, plutôt “dissonant“ pour l’époque, geste sonore spectaculaire de ce début d’œuvre à la partition si extraordinaire que vous pourrez écouter à loisirs en mars 2023 à l’Opéra national du Capitole.

Sibelius

Symphonie n°1 en mi mineur, op. 39

I. Allegro ma non troppo – Allegro energico
II. Andante (ma non troppo lento)
III. Scherzo (Allegro)
IV. Finale : Quasi una fantasia (Andante – Allegro molto)
Environ 35’

Le finlandais Jean Sibelius commence à écrire sa première symphonie à Berlin en avril 1898 pour l’achever un an plus tard à Kerava, loin de toute vie urbaine. Dans l’ensemble de l’œuvre du compositeur, « l’œuvre qui venait du froid », cette 1ère symphonie qu’il apprécie beaucoup, est importante car elle a ouvert une nouvelle direction dans sa musique qui, par sa forme, et son orchestration, sa technique mélodique et son caractère, son climat, appartient plus étroitement au cercle culturel en lien avec l’extrême est-européen, en un mot, russe. Tout d’abord, son romantisme est bien davantage lié en premier à une sorte d’éruption de fièvre nationaliste. Ce seront autant d’hymnes à la terre natale , de chants de résistance, exaltant mythes, légendes, et histoire de la Finlande, alors opprimée par le joug russe.

Auparavant, Glinka, Chopin, Grieg, Albeniz, Liszt, Smetana, Elgar sont passés par là et il aura fallu, en Finlande, attendre la dernière décennie du XXè siècle avant que n’arrive son porte-drapeau musical, véritable héros, le grand symphoniste Jean Sibelius. « Là, avec un effectif restreint, il arrive pourtant à une puissance d’expression et à une densité impressionnante. Parce qu’il jette les thèmes un à un, sans se soucier de leur développement, laissant aller son inspiration. Parce qu’il donne à chaque pupitre une valeur lumineuse dans le tissu sonore. Parce qu’il fait une recherche forcenée, dans l’alliage des timbres, les effets les plus frappants, mais en ne sacrifiant jamais à des recherches vaines et ardues. »

Le solo d’introduction à la clarinette, monologue archaïque soutenu par le doux tambourinement de la timbale, est une sorte de lamentation définitivement reconnaissable. Sans parler des accords qui suivent. Une signature du compositeur. Et j’avoue un faible de plus en plus accentué pour toutes ses symphonies-sept- sans oublier Kullervo et œuvres annexes. Dans sa musique, chante bien toute la Finlande.

Michel Grialou


ORCHESTRE NATIONAL DU CAPITOLE

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