Opa ! ou le regard de la petite-fille d’un nazi sur son passé familial, pour éclairer l’avenir
Jeudi 28 octobre, au Théâtre du Pavé à Toulouse, la compagnie Vasistdas présente la première du spectacle « Opa ! », interprété par Ilka Vierkant, comédienne et marionnettiste.
Dans « Opa ! » (papi en allemand), une femme, allemande, revient sur son passé familial, empli de mutismes honteux sur les actes criminels de son grand-père nazi. Par hasard, à Toulouse, elle croise une des victimes de son « opa », Jean Vaislic, revenu du plus terrible des camps, et lui aussi, pour d’autres raisons, retranché dans un silence douloureux. Son regard de femme, lucide et compassionnel, éclaire un nouveau chemin, partagé entre son sentiment de culpabilité et sa responsabilité dans la transmission.
Ilka Vierkant, artiste allemande qui vit depuis longtemps à Toulouse, pose son regard de femme sur la grande Histoire et sur sa petite histoire compliquée à elle. L’histoire d’une Allemande née vingt ans après la Deuxième Guerre mondiale qui vient télescoper celle de ses grands-pères, tous deux nazis sous le Troisième Reich et impliqués dans l’extermination des Juifs. Jamais ils ne renièrent leur idéologie.
En particulier ce grand-père paternel, qui fut « Reichsbahndirektor für die Ostgebiete », directeur des trains pour les territoires de l’Est annexés par le Reich, et responsable de la mise en œuvre du réseau ferroviaire pour acheminer les « non-désirés » vers les camps. Ce grand-père « sec, impassible et cruel, qui parlait comme Eichmann » dans les souvenirs d’enfance d’Ilka, et « déjà mort depuis une éternité ». Celui qu’elle amène sur scène, sous la forme d’une marionnette hybride. Pour cette femme d’aujourd’hui, le temps est venu de retourner sur ses pas pour questionner ce grand-père silencieux. Avant de le laisser partir pour toujours.
Au cœur du spectacle surgissent les témoignages de Jean et Marie Vaislic, déportés toulousains revenus des camps de la mort, parmi les tout derniers encore en vie. Dans ce spectacle marionnettique, fruit d’une longue enquête et d’un chemin de conscientisation douloureuse, Ilka Vierkant choisit de confronter symboliquement les actes de son grand-père nazi aux drames traversés par Jean et Marie Vaislic.
Leurs paroles, tellement précieuses, n’ont pas seulement nourri le spectacle ; elles ont donné naissance à un film : « Ma rencontre avec Jean et Marie ».
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