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Orchestre national du Capitole de Toulouse • Robert Treviño (direction)

by Bruno del Puerto

Démarrage printanier tout en haut avec, de Bartók, Musique pour cordes, percussion et célesta, suivi du Concerto pour piano n°2 de Liszt avec au piano, Benjamin Grovesnor. Pour conclure, la Symphonie n° 5 de Beethoven, dite du Destin. Les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse sont sous la direction du chef Robert Treviño. Quelle affiche !! C’est à la Halle le vendredi 5 avril à 20h.

Robert Treviño © Håkan Röjder
Robert Treviño © Håkan Röjder

Robert Treviño

Après avoir remporté le Prix de direction d’orchestre James Conlon à l’Aspen Music Festival and School, et avoir été chef d’orchestre associé de l’Orchestre symphonique de Cincinnati et de l’Opéra de la ville de New York, Robert Treviño a fait sensation sur la scène internationale au Théâtre Bolchoï en décembre 2013, en dirigeant, à la dernière minute, une nouvelle production de Don Carlo de Verdi. Au cours des dernières saisons, en Europe, le chef américain a travaillé avec les plus grandes phalanges comme, le symphonique de Londres, le philharmonique de Munich, le philharmonique de Londres, l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, le Gewandhaus de Leipzig, le symphonique de Vienne, entre autres. Il a dirigé l’Orchestre de Cleveland, les orchestres symphoniques de San Francisco, Toronto et Détroit, et la nouvelle production d’Eugène Onéguine de l’Opéra national de Washington. Il est actuellement Directeur musical de l’Orchestre national basque en Espagne, principal chef invité de l’Orchestre Sinfonica Nazionale della RAI et conseiller artistique de l’Orchestre symphonique de Malmö en Suède.

Le 12 novembre2022, Robert Treviño dirigeait à Toulouse l’ONCT dans la Rapsodie espagnole de Maurice Ravel ainsi qu’ Une vie de héros de Richard Strauss . En outre, il accompagnait Marie-Ange Nguci dans la Rhapsodie sur un thème de Paganini, de Serge Rachmaninov.

Benjamin Grosvenor © Andrej Grilc
Benjamin Grosvenor © Andrej Grilc

Benjamin Grovesnor

Considéré par ses pairs comme l’étoile montante du piano, Benjamin Grosvenor a très tôt reçu le titre de Jeune artiste de l’année et l’Instrumental Award de la revue Gramophon et un Diapason d’or Jeune talent.

Il est révélé en 2004 en remportant à l’âge de 11 ans la finale piano du Concours de la BBC pour les jeunes musiciens. Benjamin est alors invité à se produire au concert d’ouverture des Proms 2011 aux côtés du BBC Symphony Orchestra à l’âge de 19 ans seulement. Pianiste à la renommée internationale, il est le premier lauréat du Ronnie and Lawrence Ackman Classical Piano Prize, prix nouvellement créé par le New York Philharmonic. La carrière du jeune homme est époustouflante, s’imposant comme un musicien d’envergure, et doté d’une technique dépassant de loin la seule virtuosité transcendante. D’aucuns ont pu écrire qu’« il y a dans son style, un équilibre miraculeux entre spontanéité et préméditation, entre le travail et l’oubli total de ce travail, que de chaque trait, de chaque gamme ou arpège, de chaque avalanche de tierces, il fait de la musique, chante comme un belcantiste. Il joue avec une verve, une énergie, un sens du rebond, une élasticité qui fait oublier la barre de mesure alors que la pulsation est parfaite. »

Disposition Orchestre

Béla Bartók {1881-1945}

Musique pour cordes, percussions et célesta, Sz. 106

Les quatre mouvements réalisent l’alternance lent-vif-lent vif :

I. Andante tranquillo – les deux groupes de cordes unis
II. Allegro – à partir de ce mouvement, les deux groupes de cordes séparés – allegro de sonate sur un thème vif
III. Adagio
IV. Finale (Allegro molto)            Durée moyenne d’exécution : 25’

Effectif instrumental : un des plus originaux qui soient avec les cordes réparties en deux groupes comprenant le quintette complet (et placés à gauche et à droite du chef),

–   percussions comprennent 2 petits tambours avec et sans timbres, 2 sortes de cymbales, 1tam-tam, 1 grosse caisse, des timbales mécaniques permettant traits et glissandos,

–   Célesta, une sorte de piano dont les cordes sont remplacées par des lames métalliques avec résonateurs de bois. Le son, pauvre en harmoniques, à résonance brève, est d’une grande pureté,

–   Xylophone, harpe, piano, à deux et quatre mains.

La création eut lieu le 27 janvier 1937 à Bâle par l’Orchestre de Chambre de la ville sous la direction de Paul Sacher qui avait passé commande pour le dixième anniversaire de cet orchestre. La pièce fut écrite en quatre mois et elle lui fut dédiée.

Du compositeur, Zoltán Kodály (1882-1967) dira de lui : « On insiste trop sur ses trouvailles de style, sur ses innovations techniques. Bartók en a autant que quiconque. L’essentiel, c’est qu’il les anime d’une vie chaude et vivante ; il dispose de toutes les nuances de la vie, du frisson tragique jusqu’au simple jeu. »

De cette pièce, le célèbre chef hongrois Ferenc Fricsay parlera d’« Un monde sonore irréel. ». Tandis que Paul Claudel écrira : « C’est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau. » La Musique pour cordes est communément considérée comme l’une des partitions les plus importantes de l’histoire musicale du XXè siècle. Cette œuvre, d’une construction très élaborée comme d’une très grande sensibilité a bien failli s’appeler Musique pour cordes, harpe et percussions et célesta. Bartók souhaitait que le titre soit toujours écrit en français. “Musique“ parce que l’œuvre écrite ne relève finalement d’aucun genre musical existant. Il s’agit d’un nouvel ordre musical, d’une organisation architecturale originale, impénétrable ? une œuvre de chercheur, toujours, dans laquelle le compositeur dévoile l’aboutissement de l’évolution de son écriture à un instant précis de sa création.

Harpe

Franz Liszt

Concerto pour piano et orchestre n° 2 en la majeur, S. 125

Sur vingt minutes environ, les trois mouvements s’enchaînent sur six épisodes principaux : Adagio sostenuto assai – Allegro agitato assai – Allegro moderato – Allegro deciso (contenant un marziale un poco meno allegro) et Allegro animato.

Conçu à la même époque que le premier, mais créé deux ans plus tard, le 7 janvier 1857, au Théâtre de Weimar par un de ses élèves, sous sa propre direction. Ils ont été commencés en même temps, en 1839-40, et partiellement réalisés, puis différés. Occupé par d’interminables tournées de pianiste-virtuose, penser aux temps de transport à l’époque ! Liszt les aurait abandonnés jusqu’en 1849. Ce n°2 est d’une couleur tranchant avec le précédent, singulièrement moins “extérieur“, comme si le musicien-penseur s’y inclinait devant le musicien-virtuose même si l’on ne va pas, ici, sous-estimer les difficultés disons, acrobatiques imposées à ce dernier ! Toute son atmosphère est plus intime et, peut-être, plus chaleureuse, mais aussi plus féérique tout au long de sa forme rompant avec celle dite traditionnelle du moment.

Dès le début, sa “couleur“ particulière est marquée par une sorte de lent choral des bois d’où émerge peu à peu un thème songeur aux multiples replis et aux couleurs changeantes. Puis, ce seront des épisodes très variés se succédant où, tour à tour, le piano se trouve en conflit avec la masse orchestrale, ou bien dialogue avec elle, lyrique ou véhément, rude quelque fois, jusqu’à ce que la rivalité se résolve dans une vigoureuse marche où tous les instruments clament le thème initial.

Le Finale débute bien dans cette atmosphère féérique que Liszt sait si bien créer. Mais, peu à peu, l’orchestre reprend le dessus, les fanfares reviennent, accompagnées de puissants glissandos du piano, et le mouvement ne va plus cesser de s’accélérer jusqu’à la fin du concerto où le soliste va multiplier les formules de la virtuosité la plus transcendante, tandis que l’orchestre clame ses appels à tous les échos.

Mélange de tzigane et de franciscain, selon ses propres termes, Franz Liszt aurait pu vous confier, dès 1830 alors qu’il est au faîte de sa gloire de pianiste-virtuose : « Voyez-vous, mon piano, c’est pour moi ce qu’est au marin sa frégate, ce qu’est à l’Arabe son coursier, plus encore peut-être, car mon piano, c’est moi, c’est ma parole, c’est ma vie ; c’est le dépositaire intime de tout ce qui s’est agité dans mon cerveau aux jours les plus brûlants de ma jeunesse ; c’est là qu’ont été tous mes désirs, tous mes rêves, toutes mes joies et toutes mes douleurs. Ses cordes ont frémi sous toutes mes passions, ses touches dociles ont obéi à tous mes caprices, et vous voudriez, mon ami, que je me hâtasse de le délaisser pour courir après le retentissement plus éclatant des succès de théâtre ? »

À ce piano, il va faire faire de considérables progrès et tout autant à la technique du clavier avec ces croisements de main impensables avant lui, et des compositions tenant compte autant d’une main que de l’autre, les deux jouant enfin à parts égales……

Orchestre national du Capitole © Romain Alcaraz
Orchestre national du Capitole © Romain Alcaraz

Ludwig van Beethoven
Cinquième Symphonie en ut mineur, opus 67, dite du Destin (1808)
I – Allegro con brio
II – Andante con moto
III – Allegro
IV – Allegro

Pour mieux apprécier ce que représente cette Cinquième, puissiez-vous au mieux vous transporter en ces temps du début du XIXè, sous Napoléon !

« Le véritable artiste n’a pas d’orgueil ; il sait, hélas, que l’art n’a pas de limites ; il sent confusément à quel point il est loin de son but et, tandis que les autres l’admirent sans doute, il déplore quant à lui de ne pas encore arrivé là où un génie meilleur brille comme un soleil lointain…. L’art est quelque chose qui dépasse l’artiste lui-même pour revenir dès l’instant de son apparition à la divinité. »  L.v. Beethoven – Sixième Cahier de Conversation

« Analyser une telle création, suivre pas à pas cette pensée géante est au-dessus de nos forces. Quand le génie humain s’élève à pareille hauteur, il faudrait être Goethe, Schiller, Shakespeare pour le chanter, ou bien pour se prosterner silencieusement, le front dans la poussière. L’auditoire, dans un moment de vertige, a couvert l’orchestre de ses cris ; c’étaient des exclamations furieuses, mêlées de larmes et d’éclats de rire…Un spasme nerveux agitait toute la salle. » Hector Berlioz après un concert du 27 avril 1834.

Un peu plus tard, au cours de l’année 1838, il écrit encore : « La symphonie en ut mineur, au contraire des précédentes, nous paraît émaner directement et uniquement du génie de Beethoven. C’est sa pensée intime qu’il va y développer, ses douleurs secrètes, ses colères concentrées, ses rêveries pleines d’un accablement si triste, ses visions nocturnes, ses élans d’enthousiasme en fourniront le sujet ; et les formes de la mélodie, de l’harmonie, du rythme et de l’instrumentation s’y montreront aussi essentiellement individuelles et neuves que douées de puissance et de noblesse. »

Oublions la position de l’amateur de musique d’aujourd’hui, qui connaît toute l’histoire de la musique et est formaté pour la consommer sans y établir guère de différences, pour essayer de s’imaginer ce que pouvait représenter une telle musique pour l’auditeur de l’époque. Lorsque Felix Mendelssohn la joua sur piano au vieux Goethe, celui-ci aurait été profondément ému : « C’est très grand, très extraordinaire, on pourrait craindre que le bâtiment ne s’effondre ; et entendre cela joué en même temps par tous ces gens ! »

La profondeur infinie et la puissance inouïe dans la musique purement instrumentale avec laquelle est rendue la sensation d’horrible, de démoniaque, de sauvage, transparaissent dans tous les commentaires des contemporains, et en particulier dans celui  d’E.T.A. Hoffmann, écrivain, philosophe, conteur, musicien, commentaire qui donne le ton à tous ceux, ultérieurs, concernant le compositeur : «  Cette musique ouvre l’univers du formidable et de l’incommensurable ; elle actionne le levier de l’horreur, de la crainte, de l’effroi, de la douleur, et suscite cette nostalgie inexprimable qui est l’âme du romantique ».

Pour d’autres infos sur cette Cinquième, cliquez ici.

Michel Grialou

Orchestre national du Capitole
vendredi 05 avril 2024
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