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Cecilia Bartoli – Les Musiciens du Prince-Monaco

by Bruno del Puerto

Cecilia Bartoli, ou l’exigence au sommet

L’événement aura bien lieu à la Halle aux Grains ce lundi 7 novembre à 20h, dans le cadre du Cycle Grands Interprètes. Le programme choisi met en lumière des œuvres de Haendel et de Vivaldi. Alterneront arias et pièces instrumentales. Cecilia Bartoli est accompagnée par l’ensemble Les Musiciens du Prince –Monaco dirigé par Gianluca Capuano.

Cecilia Bartoli © Kristian Schuller / DECCA

Sur Cecilia Bartoli

Plus de vingt ans se sont écoulés depuis le premier concert, 2001, doublé alors, de Cecilia Bartoli à la Halle, venue dans le cadre de ce Cycle. Sept suivront. Inutile donc de brosser ici un chapitre sur la romaine la plus étourdissante du moment dans l’art lyrique couvrant trois siècles. Artiste drainant tous les superlatifs les plus élogieux, dotée d’une voix exceptionnelle grâce à un travail remarquable conduit par sa chère mère, Cecilia Bartoli est devenue un exemple pour toute une génération de jeunes musiciens passionnés par la même période musicale. Cependant, ce ne sont pas seulement, sa technique vocale virtuose, sa profonde musicalité ainsi que sa présence scénique captivante qui font d’elle le prototype de la mezzo d’opéra moderne, mais aussi, sa capacité à mêler l’art à la pensée conceptuelle, la créativité à la recherche scientifique et la passion mêlée à un professionnalisme indéfectible. On peut rajouter encore, une affabilité sans failles. Et, communicante hors pair, Cecilia est aussi une entrepreneuse de grande efficacité dans les milieux culturels liés à la musique. Un personnage, un VRAI.

Programme de la soirée

Vivaldi : Concerto “Alla rustica” en sol majeur pour cordes, RV 151 (Allegro – Adagio – Allegro)
Vivaldi : “Quell’augellin che canta” – Air de Silvia, de La Silvia, RV734 II.1
Vivaldi : “Sovente il sole” – Air de Perseo de Andromeda liberata
Vivaldi : Concerto en sol mineur pour cordes, RV 151
Vivaldi : “Sol da te, mio dolce amore” – Air de Ruggiero de Orlando furioso I.11 (1727)
Vivaldi : Inverno RV 297, I Allegro
Vivaldi : “Gelido in ogni Vena” – Air de Farnace de Farnace II.6 (1727)
Vivaldi : Estate RV 315, III Presto
Vivaldi : “Se lento ancora il fulmine” – Air de Zanaida de Argippo, RV 697 I.1
Pas d’entracte
Händel : Ouverture de Rinaldo (1711), HWV 7
Händel : “Furie terribili” – Air d’Armida de Rinaldo, I.5
Händel : “Dunque i lacci… Ah, crudele” – Récitatif et air d’Armida de Rinaldo, II.8
Händel : Ouverture de Giulio Cesare in Egitto en si bémol majeur
Händel : Sinfonia Il Parnasso extrait de l’acte II, scène 2 de Giulio Cesare in Egitto (1724) HWV 17
Händel : “V’adoro pupille” – Air de Cléopâtre de Giulio Cesare in Egitto, II.2
Händel : Suite di danze de Ariodante
Händel : “Mi deride… Destero dall’empia dite” – Récitatif et air de Melissa de Amadigi di Gaula

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La sinfonia dite d’ouverture

Ce n’est qu’à partir de la seconde moitié du XVIIè que le genre de la symphonie se précisa et que le terme prit le sens qu’il a aujourd’hui. C’est alors que la sinfonia, simple morceau instrumental à exécuter en introduction d’une sonate ou d’une suite, se transforme en composition autonome, indépendante, généralement organisée en trois mouvements : allegro-adagio-allegro. Le choix terminologique va prendre  une valeur déterminante : la sinfonia et le concerto, mais aussi la “Sinfonia  ante l’opera“ (“la symphonie d’ouverture“) et la “Sinfonia da camera“ qui se différencie de la première par son indépendance vis-à-vis des exigences du mélodrame. Ainsi, au XVIIIè siècle, vont circuler bon nombre de compositions (arie et sinfonie) tirées d’œuvres théâtrales à succès et destinées au divertissement privé.

Farinelli par Jacopo Amigoni

La soirée est dédiée à deux compositeurs dont les œuvres pouvaient être écrites alors, pour certains rôles, pour des castrats, à commencer pour leur empereur, le plus illustre, celui qui a le plus marqué l’imaginaire vocal, le soprano Carlo Broschi, dit Farinello ou Farinelli, du nom sûrement d’une famille protectrice de Naples, les Farina. Cecilia Bartoli lui a consacré un album entier et on retrouve dans le programme de cette soirée des airs ou arie qu’il a pu interpréter. Avec Haendel, Vivaldi, on aurait pu rajouter Porpora, Hasse nous y sommes en plein. Farinelli naît en janvier 1705, à Andrea, près de Bari. Il meurt en juillet 1782 à Bologne. Il vécut 77 ans, ce qui est une longue vie pour l’époque. Tous ses contemporains se sont plus à le reconnaître alors comme l’un des plus grands chanteurs, l’homme ne s’attirant jamais aucune critique. Doué d’un ambitus dit moyen, tout de même trois octaves, se remarquaient surtout, son juste et rarissime équilibre entre le souffle, les passages d’un registre à l’autre, la maîtrise absolue de l’ornementation, la manière unique d’enfler peu à peu sa voix et de la ramener au pianissimo (messa di voce), ne se contentant pas de virtuosité pyrotechnique et s’attachant à trouver le juste équilibre aussi entre la technique vocale et l’émotion artistique et humaine. Et ce, sur quinze ans véritablement de carrière. Pile, ce sont toutes les qualités que l’on remarque dans les interprétations souveraines de notre mezzo italienne et qui font toutes les émotions qui nous réjouissent tant.

Il se produisit dans une centaine d’opéras, et pour chaque partition, il se voyait confier entre trois et huit airs et duos. C’est encore ce qui caractérise notre artiste, passionnée qu’elle est dans sa quête d’airs nouveaux et donc, d’ouvrages tombés dans l’oubli qu’elle remet sur le devant. Curieusement, Farinelli abandonne scène et concert à 32 ans. Ouf, ce n’est pas le cas de Cecilia qui n’a absolument pas décidé de nous priver de tous ces trésors, sur scène comme au disque.

Antonio Vivaldi dit « le prêtre roux « de Venise – Caricature de Pier Leone Ghezzi

Les compositeurs revenant souvent dans les spectacles donnés par Farinelli sont donc, Porpora qui fut son professeur, Adolf Hasse, Caldara, les deux Leonardo, Leo et Vinci, et Haendel le “Sasonne“, ce dernier moins amène à se laisser dicter quelques directives liés aux caprices des Carestini, Caffarelli et autres divos. Avec d’autres illustres castrats, Farinelli participe à ce flamboiement artistique qui devait marquer l’apothéose de l’ère baroque, véritable âge d’or de cette écriture lyrique follement exubérante. Cecilia Bartoli a su, dans ses programmes de concert, dans ses opéras sur scène et bien sûr dans tous ses enregistrements nous ouvrir à tous ces compositeurs et en même temps, à tous les exploits prodigués par ces artistes si follement admirés, et indispensables, qu’étaient les castrats.

Pour la première partie, elle est consacrée à Antonio Vivaldi. Ce compositeur est resté longtemps connu simplement pour ses fameuses Quatre Saisons, partition instrumentale. C’est bien Cecilia Bartoli qui, avec le fameux album Viva Vivaldi a fait sortir sur le devant de la scène musicale l’immense production du “prêtre roux“ concernant les opéras et cantates dans lesquelles la chanteuse s’est plongée avec avidité, délectation, enthousiasme, nous concoctant cette galette vendue à des centaines de milliers d’exemplaires et suscitant un engouement dans le public pour cette période de chant et de musique, disons-le, assez extraordinaire.

Portrait de Haendel par Philip Mercier

En savoir plus sur les trois opéras que l’on retrouve de Haendel, cliquez ici.

Michel Grialou

Les Grands Interprètes
lundi 07 novembre 2022
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