À la tête du Théâtre du Pavé depuis le mois de juin 2024, Lucie Roth a amorcé un nouveau chapitre pour la scène toulousaine, marqué par une volonté d’ouverture. Malgré les vents contraires, elle poursuit un projet fondé sur l’accessibilité et le partage. Culture 31 a échangé avec la directrice du lieu, afin d’évoquer les ambitions et défis de cette saison.
L’an passé, le Théâtre du Pavé a entamé une nouvelle ère. Alors fraîchement nommée à sa direction, Lucie Roth a profité de la saison 2024/2025 pour prendre ses marques et insuffler un premier vent de nouveauté, notamment en doublant le nombre de spectacles proposés. Le leitmotiv était le suivant : ouvrir les horizons du théâtre. « Je pense que le signal d’ouverture a été envoyé assez clairement, que ce soit auprès des spectateurs et spectatrices, et auprès des équipes artistiques », relate la comédienne. Par exemple, le Pavé a su réunir de nouveaux publics lors de différents temps forts, à l’instar du loto animé par des drag-queens.
Un agenda culturel effervescent
Forte de cette première année aux commandes du lieu culturel, Lucie Roth trouve ses repères. Cette saison, elle signe une première programmation entièrement ficelée par ses soins. Un menu culturel foisonnant, composé d’environ 75 spectacles ! Ce calendrier artistique a été présenté au public lors de la traditionnelle présentation de saison de la rentrée. Un rendez-vous couronné de succès, qui a fait salle comble. « Je tenais vraiment à présenter tous les spectacles, et c’était aussi le moment de faire de la pédagogie sur les changements de cette saison, notamment sur les tarifs », explique la directrice.
À contrecœur
En effet, l’équipe du théâtre a dû composer avec un contexte financier défavorable, marqué par la perte de 20 % de la subvention de la Ville et 18 % de celle du Département. « On n’était déjà pas confortables avant, mais maintenant, c’est carrément dangereux », confie Lucie Roth. Pour faire face au désengagement des collectivités, des décisions ont dû être prises.
Parmi ces résolutions sans allégresse, la sortie du réseau Pleins Feux, et l’augmentation des tarifs, à hauteur d’un euro. Pour l’instant, le théâtre a évité les licenciements grâce à des départs sans remplacement, que ce soit du côté de la billetterie ou de la communication. « En interne, on essaye de travailler sur tous les leviers possibles. Par exemple, on est en train d’augmenter l’offre de formation, qui, avant d’être un levier, est quelque chose qui me passionne », mentionne la directrice.
Un théâtre accessible
En dépit de ses difficultés économiques, le théâtre ne perd pas de vue son projet culturel. Cette saison, au-delà de proposer un très grand nombre de rendez-vous, la scène toulousaine mise sur des disciplines variées : théâtre, cirque, danse… Du reste, la programmation suit une ligne directrice. « Ça doit, dans tous les cas, raconter une histoire. À mes yeux, c’est ce qui rend les spectacles accessibles, notamment à des personnes qui vont au théâtre pour la première fois de leur vie », explique Lucie Roth.
Donner envie de venir… Et de revenir !
Cette attention portée à l’accessibilité des propositions artistiques rejoint l’objectif premier du Pavé, à savoir donner envie au public de s’asseoir sur ses fauteuils rouges pour découvrir un spectacle. Pour ce faire, l’équipe repense sa communication. Dans cette dynamique, Lucie Roth elle-même se met en scène sur les réseaux sociaux dans un format vidéo baptisé « Cette semaine au Pavé ».
En plus de créer l’envie, l’équipe souhaite garantir une belle expérience au théâtre. « Notre deuxième préoccupation, à égalité avec la première, c’est que les gens soient bien accueillis, qu’ils puissent passer un moment convivial au bar et voir un spectacle de qualité », ajoute la directrice. Elle poursuit : « Il n’y a pas un désir de consensus, dans le sens où on peut très bien voir des spectacles et ne pas les aimer. En tout cas, on souhaite proposer des spectacles rigoureux et exigeants, qui sont aussi des spectacles de la région ».
Deux compagnies associées
Parmi les temps forts de cette saison, il y a le retour de « Cupidon est Malade », une création made in Théâtre du Pavé, du 13 au 15 novembre prochains. Mais le lieu culturel tisse toujours autant de liens avec les troupes extérieures, et s’associe cette saison à deux compagnies. « On a La Générale Posthume, compagnie de cirque qui a ouvert la saison et que l’on va retrouver en mai, avec une carte blanche. L’autre compagnie est Avant l’incendie, qui aura aussi une carte blanche, sur la période de Noël. Ils joueront quatre de leurs spectacles, dont un jeune public qui s’appelle Tout ça tout ça », détaille Lucie Roth. En bref, le Théâtre du Pavé demeure cette saison un écrin convivial où les arts de la scène sont pensés au pluriel, avec l’accessibilité pour locomotive.