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La Mort aux trousses d’Alfred Hitchcock

by Anthony del Puerto

Sorti en 1959, La Mort aux trousses prend place dans l’une des périodes les plus fertiles du cinéaste qui signe en une poignée d’années quelques-unes de ses œuvres majeures : Fenêtre sur cour (1954), Sueurs Froides (1958), Psychose (1960), Les Oiseaux (1963).

Le film met en scène le directeur d’une agence de publicité new-yorkaise, Roger Thornill (Cary Grant), enlevé par de mystérieux ravisseurs croyant avoir affaire avec un dénommé George Kaplan. Par la suite, cet homme ordinaire que l’on prend pour un agent secret, puis pour le coupable d’un meurtre, va s’acharner à la fois à reconquérir son identité et à démontrer son innocence…

Mort Aux Trousses

S’appuyant sur un scénario virtuose d’Ernest Lehman, La Mort aux trousses mêle avec brio le suspense criminel et le film d’espionnage. Les rebondissements s’enchaînent. Le mensonge est roi, les faux-semblants dictent leurs règles. Des touches de comédie ne sont pas absentes (à l’image de l’irrésistible scène de vente aux enchères) ni la romance avec l’arrivée du personnage d’Eve Kendall interprété par Eve Marie Saint – incarnant après Ingrid Bergman, Grace Kelly et Kim Novak – l’archétype de la « blonde hitchcockienne ». En outre, celle-ci reconstitue en quelque sorte, avec James Mason dans le rôle du « méchant », l’inoubliable tandem Ingrid Bergman / Claude Rains des Enchaînés, déjà avec Cary Grant.

Leçon de mise en scène 

Surtout, La Mort aux trousses – permanente leçon de mise en scène – collectionne les scènes devenues mythiques. Comme celle de la course-poursuite entre un avion à moteur et Cary Grant dans un champ de maïs. Dans un suspense « classique », la scène où le héros a un rendez-vous qui s’avère être un piège est un cliché. Selon les codes en vigueur, le décor est urbain, il fait nuit, il pleut, et sous la pâle lumière d’un réverbère un homme attend alors qu’une voiture, tous feux éteints, s’approche en ralentissant tandis que résonne une musique inquiétante…

Ici, Hitchcock renverse les codes. La scène se déroule en plein soleil, à la station d’un autobus, sur les bords d’une route déserte seulement longée d’un champ de maïs. Personne n’apparaît à des kilomètres à la ronde. D’où peut bien alors venir le danger ? Du ciel… La suite est une démonstration de pur cinéma. Inoubliables également la scène de course-poursuite sur le mont Rushmore ainsi que le dernier plan du train s’engouffrant dans un tunnel, métaphore sexuelle en forme pied-de-nez du cinéaste à la censure et au puritanisme de son temps.

Christian Authier

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