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Le Deuxième acte, un film de Quentin Dupieux

by Anthony del Puerto

Présenté en ouverture du Festival de Cannes 2024, le dernier opus de Quentin Dupieux s’approprie un genre faisant florès en ce moment dans le 7e art : le film dans le film. Mais le réalisateur de Yannick et Daaaali ! ne pouvait se contenter du principe. Il va le creuser pour passer littéralement en revue toutes les avanies du cinéma actuel. Bien sûr vous allez rire, beaucoup d’ailleurs. Mais pas seulement, car le cinéaste analyse ici très profondément aussi le métier d’acteur. Et ses dangers.

Deuxième Acte
 Louis Garrel (David) – Photo : Chi Fou MI Productions

Quentin Dupieux scénariste nous met dans les pas, tout d’abord, de deux trentenaires marchant à vive allure dans une campagne quelconque.  Ils ont l’air de bien se connaitre et l’on devine, à peine, qu’ils répètent la scène d’un film qu’ils sont en train de tourner.

Dans cette fiction, David demande à Willy de bien vouloir accepter que Florence, une jeune femme qui le harcèle littéralement et dont il ne veut pas, lui tombe dans les bras. Ils se rendent à un dîner qu’ils partageront avec Florence et son père Guillaume, qu’il ne connaît pas.

Sur cette trame qui tiendrait presque du vaudeville, le réalisateur filme un huis clos troublant dans lequel, et c’est l’un des charmes du film, on ne sait jamais sur quel pied danser.

Croisant fiction et réalité avec une subtilité d’écriture et de montage tenant du suspense total, Quentin Dupieux évoque au passage les salles de cinéma vides, l’égo monumental de certains acteurs, le miroir aux alouettes hollywoodien et, dans une séquence hallucinante, l’irruption de l’Intelligence Artificielle dans le 7e art.

Aujourd’hui, cela nous fait tordre de rire. Aujourd’hui…  Mais ce qu’il y a peut-être de plus passionnant ici, c’est la dichotomie parfaitement analysée entre le plateau de tournage, les rôles interprétés et la vraie vie. Et l’on comprend bien qu’inévitablement les univers finissent par se confondre.

Porté par un quatuor irrésistible, n’hésitant pas une seconde à s’envoyer par la figure des monstruosités, très personnelles parfois (les tics de Vincent Lindon, il fallait oser…), ce film est un superbe exercice de style dédié à de grands comédiens. Léa Seydoux (Florence), Louis Garrel (David), Vincent Lindon (Guillaume), Raphaël Quenard (Willy) sont les parangons d’artistes de premier plan. Sans oublier, dans un scène d’anthologie dont je vous laisse la découverte, Manuel Guillot.

Troublant et réjouissant. A voir !!!

Robert Pénavayre



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