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La Salle des profs d’İlker Çatak

by Anthony del Puerto

Nominé aux Oscars 2024, le dernier opus du réalisateur allemand İlker Çatak nous plonge dans le huis clos étouffant d’une salle des profs dans un collège, lieu de tous les possibles de la comédie humaine. Glaçant, captivant, magistral et nécessaire !

Salle Des Profs
 Leonie Benesch (Carla) – Crédit : Alamodefilms

Professeur principal dans un collège, Carla se trouve confrontée à un grave problème : des vols ont lieu dans la salle des profs, lieu clos où personne, à part les enseignants, n’a le droit de pénétrer. Dans ce refuge qui prend parfois l’allure d’un tribunal et où peuvent se déchaîner les plus violentes diatribes, Carla est elle-même victime d’un vol. Elle va user de son ordinateur pour confondre le voleur. Mal lui en prend. Carla déclenche un séisme dans l’établissement.

Au travers de ce véritable thriller éclatent de nombreuses fractures : racisme, délation, suspicion, harcèlement, préjugés, violence. Les masques tombent et ce qui se cachait derrière n’est pas franchement reluisant. Un véritable enfer qui n’est que partiellement combattu par la volonté chevillée au corps des enseignants près à, presque, tout sacrifier pour mener à bien ce qui est leur vocation. C’est le cas de Carla.

Elle va devoir affronter non seulement une partie de ses collègues mais également de ses élèves. Et l’on ne peut que s’incliner, encore une fois, devant le courage de ces personnes qui décident d’enseigner à nos enfants aujourd’hui, se mettant, nous le savons bien, physiquement et mentalement en danger. 

La violence des élèves, tous âges confondus, et celle qui explose dans la salle des profs, est la même.

Elle nous parle d’une société malade, refusant de se remettre en question ou même d’accepter toute critique, engoncée dans un académisme qui n’a plus lieu d’être.  Ce hiatus comportemental, Carla le vit au plus profond de son être avec un courage et une pugnacité exemplaires.

Son interprète, Leonie Benesch, est sidérante d’aplomb, de résilience, de combattivité, d’empathie. Elle est exceptionnelle ! La réalisation est d’une précision chirurgicale, ne laissant pas le moindre espace de respiration dans ce maelström de douleurs et de rage porté aussi par une BO signée Marvin Miller qui propose ici une partition d’une effrayante efficacité angoissante.

Un très grand film, suffocant certes, mais plus que cela en fait, un film qui marque au fer rouge l’impérieuse nécessité pour nous, parents d’élèves, d’être au plus près de ces enseignants qui vouent leur existence… à nos enfants.

Robert Pénavayre


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