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Boléro, un film d’Anne Fontaine

by Anthony del Puerto

Il ne suffit pas d’intituler son film du même nom que celui du plus célèbre des morceaux de musique classique, joué quelque part dans le monde entier 24h/24h, pour faire un bon film. D’autant qu’au travers de ce fameux Boléro que Maurice Ravel composa en 1927, contre son gré et qu’il détestait, la réalisatrice tente, en vain, de pénétrer les arcanes de la création musicale, en fait de percer les origines de l’inspiration.

Bolero
Raphaël Personnaz (Maurice Ravel) – Crédit : Pascal Chantier

Personne ne sait/saura comment Maurice Ravel (1875-1937) est arrivé à écrire les deux thèmes et la ritournelle répétés pendant un quart d’heure et ainsi satisfaire la commande d’Ida Rubinstein (1885-1960), danseuse russe sans grand talent mais riche mécène, entre autre de ses propres envies. Le projet était donc voué à l’échec. Ajoutez à pareille prétention une réalisation d’un ennui mortel.

Des actrices qui en font des tonnes (Jeanne Balibar en Ida Rubinstein, pathétique évaporée totalement irritante), ou qui sont transparentes (Doria Tillier en Misia Sert, incapable de donner la moindre aspérité à cette mécène qui croisa momentanément le compositeur, ou encore Emmanuelle Devos en Marguerite Long reléguée ici au rang de silhouette).  Quant à Ravel, c’est Raphaël Personnaz.

Pour tenter l’impossible, il a perdu 10kg et s’est perfectionné dans sa pratique pianistique. Bel engagement mais insuffisant (est-ce vraiment sa faute ?) pour nous convaincre. Au total et même si plusieurs scènes ont été tournées dans la maison du compositeur (Le Belvédère) à Montfort-l’Amaury, le temps paraît s’étirer jusqu’à l’ennui.

En sortant de la première du Boléro, Serge de Diaghilev, fondateur des Ballets russes, aurait décrit ainsi cette soirée mondaine à l’Opéra de Paris : Tout y était long, y compris Ravel qui ne dure pourtant que 14 minutes.  Le pire était Ida. Voûtée, une tignasse rousse, sans chapeau, avec des chaussons de danse pour paraître plus petite. Elle west incapable de danser quoi que ce soit. Dans le Boléro, elle est restée un quart d’heure à tourner maladroitement sur une grosse table. Le formidable talent d’orchestrateur de Maurice Ravel et le génie d’un autre Maurice, Béjart de son nom, font que ce Boléro est devenu, lui, immortel.

Robert Pénavayre


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