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Daaaaaali ! un film de Quentin Dupieux

by Anthony del Puerto

Dans son dernier opus, Daaaaaali !, le réalisateur Quentin Dupieux rend un hommage vraisemblablement sincère à Salvador Dali (1904-1989), un artiste qu’il admire entre tous pour sa liberté en toutes choses.

Dali
Edouard Baer (Salvador Dali) et Anaïs Demoustier (Judith) – Crédit : Atelier de Production

Ce non-portrait est en fait une tentative d’entretien que le peintre espagnol va imposer filmé. C’est Judith (délicieuse Anaïs Demoustier) qui se colle à ce challenge impossible, sous la férule pas très conviviale de son producteur Jérôme (Romain Duris, comme toujours parfaitement juste).  En fait, contre vents et marées, Judith va finir par obtenir du génie catalan le temps de quelques images. Et ce malgré les folles exigences de celui qui pensait que la Gare de Perpignan était le centre du monde… Dans sa note d’intention, Quentin Dupieux donne le ton : je suis entré en connexion avec la conscience cosmique de Salvador Dali pour réaliser ce film. En tout état de cause, conscience cosmique ou pas, Quentin Dupieux nous fait du… Quentin Dupieux et c’est cela qui est réjouissant. Avec cette verve absurde et ce goût du non-sens et de la provocation qui caractérisent son cinéma. 

Ne souhaitant pas faire un biopic, il a choisi cinq acteurs pour incarner le peintre. Quatre ont, en gros, le même âge et un cinquième le représente à la fin de sa vie (Didier Flamand).  Le quatuor des « Dali » est fatalement sujet à comparaison. Et pour le coup Jonathan Cohen et Edouard Baer peuvent se partager la palme du mimétisme avec le célèbre débit vocal de Dali et ses attitudes outrancières issues peut-être de gènes qui plongeraient dans la « vieille » noblesse espagnole (il était marquis de Dali et Pubol depuis…1982).

Clairement Pio Marmaï et Gilles Lellouche sont moins à l’aise. Sans oublier Eric Hegger en irrésistible Père Jacques et ses rêves sortis tout droit d’absurdie. Artiste probablement, communiquant exceptionnel certainement, Salvador Dali compte autant de thuriféraires que de détracteurs. Mais n’en est-il pas ainsi de tous les artistes qui ont appartenu à l’école surréaliste ? Pour l’heure, ce film, qui est aussi un film dans le film dans le film etc., trace le portrait finalement pathétique d’un homme en proie à son propre mythe. Subtilement amusant, assurément !

Robert Pénavayre


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