Un Concert du Nouvel An révolutionné par Hervé Niquet
Avec une telle formation complète de, claveciniste, organiste, pianiste, chanteur, compositeur, chef de chœur, chef de chant, chef d’orchestre, le boulimique Hervé Niquet, ivre de musiques, pétri de tout ce qui tourne autour ne peut que faire exploser les coutures du classique Concert du Nouvel An.
Un programme qu’il concocte très diversifié, en toute quiétude puisqu’il peut s’appuyer sur tout le talent de tous les pupitres de musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Quand on a joué Schœnberg, Chosta, Bruckner, …plus rien ne résiste.
Mais, très important, n’ayez crainte pour les plus aficionados de ce concert, au contenu variable d’un orchestre à un autre, il se conclura comme dans la grande majorité des cas par une œuvre incontournable, à savoir la mythique Marche de Radetzky du dénommé Johann Strauss père. Hors de question de laisser de côté ce moment où le public présent peut se libérer un peu de son écoute et manifester en participant à la fête orchestrale par des applaudissements rythmés par le chef lui-même.
Si nous faisons en remontant dans les propositions du concert prévu à la Halle, il y aura bien le moment le plus traditionnel avec ses morceaux en relation directe avec l’Empire austro-hongrois et ses musiques.
Un peu d’histoire : Le concert du Nouvel an est une invention relativement tardive dans l’histoire du Philharmonique de Vienne. Fondée en 1842 par les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra de Vienne constitués en association de concerts privés, cette phalange d’élite a construit sa réputation sur le grand répertoire symphonique. À l’été 1939, le chef Clemens Krauss donna au Festival de Salzbourg un programme de valses viennoises qui eut un succès tel qu’il eut l’idée de renouveler l’expérience à Vienne, à la Saint-Sylvestre.
L’année suivante, il proposa de donner ce concert, non le 31 décembre mais le 1er janvier: c’est donc l’année 1941 qui marque le début de la manifestation de musique classique la plus suivie au monde, en pleine tourmente hitlérienne. Mais ce n’est qu’au concert de 1946 que La Marche de Radetzky y retentit pour la première fois, en 1947 qu’elle termina le concert, et c’est depuis 1950 que ce rituel se reproduit chaque année.
Johann Strauss fils est aussi présent avec, entre autres, une amusante Polka baptisée Tik-Tak.
Vienne toujours avec Franz Lehár , compositeur arrivant après les Strauss père & fils. Quoique hongrois, c’est avec Robert Stolz et Oscar Straus, le pilier de l’opérette viennoise de l’entre deux guerres, avec par rapport aux deux autres la volonté affirmée de s’élever à l’opéra. Les thèmes de ses nombreuses œuvres souvent mélodramatiques ou classées opéras comiques occupent les programmes de concerts et les plateaux de scènes lyriques et autres. Excellent orchestrateur, les, Veuve joyeuse, Le Pays du sourire, Le Comte de Luxembourg, Giuditta,… peuvent briller en haut d’affiches. N’oublions pas, nous sommes au début du XXè, la musique, le chant, il faut aller les chercher en des lieux propices et non sur des écrans !! Même si les écrans de cinéma fleurissent, de plus en plus nombreux.
Mais, Hervé Niquet qui adore toutes les musiques a décidé pour ce concert de faire la part belle à toutes celles qu’ont pu connaître nos grands parents et arrières grands-parents et donc, celles qui ont fait la gloire du cinéma dit muet ! mais avec musique accompagnant l’image et les premiers films parlants : on est au début du XXè. Vous risquez d’entendre des airs qui vous feront penser à Gershwin bien sûr, et tout aussi bien Alfred Newman, Gustav Holst, et même John Philip Sousa.
Autre période au programme, ce sera Paris, associé aux musiques de ballets et, pour le livret de certains d’entre eux à un homme de théâtre comme le réputé Sacha Guitry. Ce qui permettra de mettre en avant des musiciens et compositeurs qui ont pour nom, Léo Delibes, Emmanuel Chabrier, l’incontournable Jacques Offenbach, Georges Bizet, André Messager.
Enfin, autre volet prévu. Il a pour titre Chansons françaises.. L’époque choisie va faire refleurir des noms comme Roger Roger, Henri Betti, Ralph Benatzky, des découvertes pour la plupart des présents et des souvenirs pour d’autres.
Pour parfaire certains de ses choix, Hervé Niquet collabore avec la soprano Émilie Rose Bry. Cette actrice est très sollicitée de par sa voix et est très présente aussi bien dans des courts métrages au cinéma qu’à la télévision dans des téléfilms que des séries télévisées ou même des doublages, ce qui lui vaut nombre de nominations et récompenses. Une performance !
Cet éclectisme réconfortant du chef des cérémonies augure bien d’une ambiance XXè siècle chaleureuse qui aura la lourde tâche de faire oublier un début de XXIè tonitruant.
Orchestre national du Capitole
