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« Il Boemo » de Petr Vaclav

by Léa Vergès

Le grand oublié

Mozart l’admirait mais l’Histoire l’a oublié. Le dernier opus du réalisateur tchèque Petr Vaclav va corriger une erreur historique car il met à l’honneur l’un des plus talentueux compositeurs du 18ème siècle : Josef Myslivecek (Prague 1737- Rome 1781).

Vojteck Dyk (Il Boemo) – Crédit Nour film

L’Histoire nous réclame la vérité, clame le cinéaste. Et pour cela il ne faut pas tricher avec elle, poursuit-il.  C’est donc après un temps long de recherches au plus haut nouveau sur ce compositeur qu’il a réalisé ce film. En particulier, en s’appuyant sur la Correspondance de Mozart. Pourquoi ce dernier ? Tout simplement parce que Josef Myslivecek fut un ami du Divin Génie. Tous deux entretinrent une relation autant amicale que professionnelle, le Salzbourgeois étant à la recherche des conseils du Praguois. Et bien plus d’ailleurs car il n’hésita pas à « emprunter » des compositions d’Il Boemo en se les attribuant, au nez et à la barbe des plus grands musicologues. Signataire de 26 opéras et de nombreuses pages purement instrumentales, Josef Myslivecek est un musicien important dont la carrière s’enflamma lorsqu’il reçut la commande napolitaine d’un opéra qui serait le premier du règne de Ferdinand IV.

En plus de nous faire découvrir l’œuvre de ce compositeur, grâce à de très nombreux extraits lyriques, Petr Vaclav ne fait aucune économie quant à l’univers social et professionnel du monde musical de cette époque. Clairement, Il Boemo (le nom italien de Josef Myslivecek, son patronyme tchèque étant trop difficile à retenir) paya de sa personne pour arriver à ses fins… Alors qu’il était célébré dans toute la péninsule transalpine, bien que rémunéré dix fois moins que les célèbres gosiers pour qui il écrivait, il s’éteignit après de longues souffrances liées à la syphilis. Mozart l’accompagnera jusqu’à son dernier souffle.

C’est l’acteur tchèque Vojteck Dyk qui s’empare avec délicatesse et ferveur du personnage d’Il Boemo. Musicalement, nous sommes dans l’authentique avec l’Ensemble Collegium 1704, dirigé par Vaclav Luks et des chanteurs tels que Philippe Jaroussky, Emöke Barath et bien d’autres.

Un film fascinant qui remet quelques pendules à l’heure…

Robert Pénavayre

Cinéma

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