Accueil » Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy – Haute Voltige

Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy – Haute Voltige

by Léa Vergès

Maxime Leroy, plumassier de « haute façon »

Rouvrir après de longs travaux le Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy avec un tel sujet d’exposition d’exception, pouvait-il y avoir meilleur choix? On peut en douter car nous sommes-là, à coup sûr, dans les hautes sphères de l’artisanat d’art. C’est jusqu’au 12 novembre. Comme la plume au vent, d’accord, mais prise dans un tourbillon d’Art avec un grand A.

Le Talentueux Maxime Leroy

Haute Voltige est un ensemble d’œuvres en plumes que Maxime Leroy, notre « guest star 2023 » a créées. L’exposition va exiger un maximum d’attention du public s’il veut apprécier la qualité de ce qu’il voit, apprécier aussi le niveau exigé du travail et de la technicité requise pour arriver à de tels résultats. Actif à Paris depuis plus de douze ans, Maxime Leroy se définit comme un artisan d’art plumassier dont le savoir-faire et la bouillonnante créativité le situent maintenant au sommet de l’échelle des Grands dans cet art du travail de la plume. Opinion que vous partagerez à n’en pas douter à la fin de votre visite.

Kayapo

La base est la plume. On a bien différentes catégories de plumes, des rémiges jusqu’au duvet, barbes, barbules, libres ou avec barbicelles, hampe. Cette plume, quelle qu’elle soit, n’a plus de secret pour son fervent admirateur, son manipulateur, son prestidigitateur, son coiffeur de prestige …de plumes. N’oublions pas que la plume, c’est de la kératine, comme une matière plastique naturelle et qu’elle se  travaille, en simplifiant ! comme un cheveu. Quant à la féerie des couleurs, la plume est un véritable Pantone. Sans parler de la taille et de la forme.

Travailler la plume, d’accord, mais comment se procurer la matière première ? Question éthique, l’artisan d’art refuse tout d’abord d’utiliser les plumes des oiseaux sauvages, des espèces protégées et même les plumes issus de l’abattage. Sur sa table de travail, vous trouverez aussi bien des boîtes de plumes d’oie, de dinde, de dindons divers. Disons des plumes courantes qu’il travaille comme les autres plus “attractive“ au départ, mais celles d’autruche, d’émeus, de faisans, de perroquets (pas tous !) sont toujours là aussi. Bien sûr, le plus important, c’est le résultat du projet, et sa réussite.

Mimosa

Observez bien la composition et sachez que si feuilles et tiges sont bien des plumes, les petites boules de fleurs jaunes du mimosa, ce sont aussi…des plumes !!! par quel tour de force ? Quelle habileté au niveau des doigts ! et quel autre secret ?

Plumes rouges pour revues

Professionnalisme, conscience aigue du travail, haute technicité exigée, Maxime Leroy ne peut créer que pour des maisons travaillant le haut de gamme, aussi bien dans la couture que dans le design. On peut se douter que fabriquer une paire de talons aiguilles recouverts de plumes, une à une, implique un travail  pas tout à fait au même niveau que la paire en matière plastique fabriquée à la machine, par centaines à l’heure, sans plumes ! L’artisan d’art est tout à fait conscient qu’il travaille dans un monde à part, pour un monde à part. Il adore ce qu’il fait, conscient qu’ils se comptent sur les doigts d’une main, raison pour laquelle il a fondé son atelier M. Marceau en 2013. Sa lucidité le conduit aussi à donner des cours. Il a quelques jeunes apprentis et se fait fort de promouvoir ceux qu’ils repèrent comme capables d’embrasser la même spécificité avec talents.

Calder à Plumes

Son aura est telle que depuis 2018, il est aussi en charge de la maison de plumasserie Maison Février, près de cent ans d’existence qui a toujours en charge la création, l’entretien et la restauration des costumes ennoblis de plumes des revues encore données dans des maisons comme le Moulin Rouge.

L’exposition vous fera découvrir aussi des produits hauts de gamme présentés par la marque de luxe SaccoBaret. Avec les designers Paul Baret et Jayma Sacco et leur co-fondateur Maxime Leroy, ils créent des pièces souvent uniques dans une niche commerciale évidemment plutôt étroite.

Musée
Plumes, plumes, plumes

On est ravi pour lui qu’il ait reçu en 2016 la plus haute distinction dans le domaine des métiers d’art : le « Prix de la jeune création Métier d’Art ». Et ravi aussi d’apprendre qu’il est toujours professeur au Lycée Octave Feuillet, établissement spécialisé dans la formation aux métiers d’art, le seul en Europe capable de proposer une formation professionnelle dédiée à la plumasserie. Le temps où les ateliers de plumasserie étaient jusqu’à 480 en France est bien loin.

Michel Grialou

Musée des Arts Précieux Paul-Dupuy

Articles récents