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« Jeanne Du Barry » de Maïwenn

by Léa Vergès

Si Maïwenn m’était contée

Celle qui remplaça la Pompadour dans la couche royale, bien qu’adultérine, de Louis XV, fait partie des grandes favorites de l’Histoire de France. D’une incroyable beauté et d’une intelligence remarquable, protectrice des arts, cette amie de Voltaire a laissé une marque impérissable à Versailles.

Jeanne Du Barry (Maïwenn) et Louis XV (Johny Depp) – Photo : Stéphanie Branchu

Lorsqu’elle « rencontre » le Roi, ce dernier a 58 ans. Il vient de perdre son fils, le Dauphin ; sa femme légitime et la Pompadour qui lui était devenue une amie très chère. C’est à ce moment-là que débute le film de Maïwenn. Bien sûr nous n’attendions pas une thèse de troisième cycle sur cette période qui vit le règne de Louis le Bien Aimé, mais franchement la Du Barry méritait mieux qu’un exercice d’égocentrisme ahurissant de la part de la réalisatrice qui, avec un aplomb incroyable de suffisance avoue qu’elle n’a pensé à personne d’autre quelle même pour incarner la célèbre courtisane. C’est assez stupéfiant et, quelque part, pathétique. De plus, l’actrice phagocyte complétement son film, reléguant au rang de simples utilités petits et grands personnages ; y compris ce pauvre Louis XV (Johnny Depp sous jet lag).

Au sujet de ce rôle, plusieurs français comme étrangers l’ont refusé. Y compris Gérard Depardieu !! Bien sûr quelques scènes grandioses ont été tournées à Versailles. Pierre Richard improbable Duc de Richelieu sous sa perruque incroyable, Melvil Poupaud, Comte Du Barry complétement transparent, Pascal Greggory à peine plus qu’une silhouette (!) et j’en passe. Seule lumière d’un talent incroyable qui s’en sort à bon compte, Benjamin Lavernhe, ici La Borde (vraisemblablement Le Bel), le Premier valet de la chambre du roi. Il est exemplaire de ton, de port, de présence, d’intensité. Il nous prend à rêver d’un film sur la Du Barry avec des acteurs et actrices de sa trempe…

Jeanne Bécu alias Melle Vaubernier, celle qui devint la Du Barry, est une fille du peuple avide de s’élever socialement. A cette époque-là le passage par des maisons dites de plaisir était une voie possible. C’est celle qu’emprunta Jeanne. Chacun ses choix mais le sien en l’occurrence fut incontestablement gagnant, même si elle finit guillotinée, tout juste quinquagénaire, en décembre 1793, peu de temps après Marie Antoinette.

Dans les commentaires du dossier de presse de ce film, nous pouvons lire, sous les doigts de Maïwenn, que la vie de Jeanne a des similitudes avec la sienne. Souhaitons-lui tout de même de finir autrement.

Quant au film, pardon mais… non ! Désolé pour les 22 millions d’euros qu’il a coûtés.

Robert Pénavayre

Cinéma

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