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« Un an, une nuit » de Isaki Lacuesta

by Léa Vergès

Survivre à l’impensable

13 novembre 2015, une date à jamais inscrite dans le marbre noir du BATACLAN. Le nom de cette salle de spectacle claquait déjà comme une rafale de métal. Aujourd’hui et à jamais il est synonyme de l’impensable. Le producteur d’Un an, une nuit était à Paris ce soir-là avec sa famille. 

Nahuel Perez Biscayart (Ramon) et Noémie Merlant (Céline) – Crédit : Bambu Producciones

Il a voulu porter témoignage de cette horreur. Prenant connaissance du livre de Ramon Gonzalez : Paz, Amor y Death Metal, il décide d’en acquérir les droits et propose immédiatement à Noémie Merlant (Céline) et Nahuel Perez Biscayart (Ramon) d’en être les deux protagonistes principaux.  Le scénario se déroule de manière syncopée, entre l’avant, le pendant et l’après attentat. Nous faisons connaissance avec un couple de trentenaires un brin bobo. Ils fument, et pas que du blond, et boivent beaucoup et souvent au goulot. Drôle d’image ! Bref.  Ils gagnent leur vie, s’aiment d’amour tendre et ne savent quoi inventer pour se faire plaisir mutuellement.  Et pourquoi pas aller passer la soirée au BATACLAN ?  La suite nous la connaissons que trop. Avec un autre couple de leurs amis ils feront partie des rescapés. 

Malgré un montage stroboscopique qui peut égarer le spectateur le plus attentif au milieu de flash-back compliqués à suivre, l’intérêt du film est réel. Tout d’abord issu de témoignages vécus, le scénario nous décrit deux cas de pathologie post-traumatique. Alors que Ramon est tétanisé par sa sidération, l’exprime et tente de tout se rappeler comme pour la conjurer, Céline est dans le déni complet et passe de suite à autre chose. Du moins le croit-elle. Son activité professionnelle dans une ONG recueillant des mineurs issus de l’immigration, amène un autre sujet dans ce tableau de noirceurs, celui du racisme qui à ce moment-là a flambé. L’ONG se verra obligée de confiner les enfants …

Si ce film n’est pas parfait, si Noémie Merlant commence à être par trop présente sur le grand écran (33 films en 13 ans !) avec un corollaire immédiat, celui d’exposer fatalement ses limites, saluons la prestation de Nahuel Perez Biscayart, toujours aussi limpide, lumineux et juste.

Robert Pénavayre

Cinéma

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