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« Bonnie & Clyde » d’Arthur Penn

by Léa Vergès

Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.

Bonnie & Clyde d’Arthur Penn

Dans le registre du film sur un couple de braqueurs en cavale, Bonnie & Clyde ne possède pas la beauté et la puissance des Amants de la nuit de Nicholas Ray ou de Gun Crazy de Joseph H. Lewis, mais le film d’Arthur Penn, sorti en 1967, est entré dans l’Histoire en étant considéré comme l’œuvre fondatrice du Nouvel Hollywood. Librement inspiré de la vie de Bonnie Parker et Clyde Barrow, le long métrage du réalisateur de Miracle en Alabama retrace l’odyssée meurtrière du couple bientôt rejoint par un employé de station-service benêt puis par le frère de Barrow et l’épouse de celui-ci. Dans le sud des Etats-Unis, en pleine Grande Dépression, le gang dévalise des épiceries, des banques, fait le coup de feu contre la police. Alors que la presse se fait l’écho des « exploits » de la bande, quitte à les exagérer ou les inventer, les autorités – en particulier un shérif que Barrow et Parker ont précédemment humilié – sont décidées à les arrêter coûte que coûte.

Contre-culture

Guère de surprises dans ce scénario assez répétitif à l’issue prévisible qui, de la rencontre en forme de coup de foudre entre les héros et la fusillade finale aux allures d’exécution, est centré sur le tandem formé par Warren Beatty et Faye Dunaway. Le premier, déjà une star, cherche alors à relancer sa carrière. Ce que Bonnie & Clyde accomplira tandis que la seconde va devenir une vedette, statut confirmé l’année suivante avec L’Affaire Thomas Crown. La jeunesse et la beauté incandescente des deux comédiens éclipsent les seconds rôles, sauf Gene Hackman promis à une grande carrière.

Outre son couple glamour, le succès de Bonnie & Clyde repose sur le souffle contestataire et anarchisant symbolisé par ces marginaux en harmonie avec la contre-culture ayant le vent en poupe à l’époque (nous sommes un an avant Mai 68). De fait, le film a beaucoup vieilli. La violence et la représentation d’une sexualité libérée, qui choquèrent autant qu’elles emportèrent l’adhésion voici plus d’un demi-siècle, furent vite dépassées et sont désormais anodines. Demeure un document historique et sociologique sur la fin des années 1960 qui, à Hollywood et ailleurs, virent des mutations irréversibles.

Christian Authier

Cinéma

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