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« The Fabelmans » de Steven Spielberg

by Bruno del Puerto

A 77 ans, l’un des plus grands cinéastes de l’Histoire nous revient avec une autobiographie fictionnelle totalement bouleversante. Sommet de son art, elle nous raconte sa jeunesse, les conflits familiaux qui vont le déchirer et la naissance de sa passion pour le cinéma. L’œuvre étant en partie fictionnelle, le réalisateur a choisi le patronyme Fabelman et non Spielberg. Début des années 50 du siècle dernier.

Sami vs Steven est amené pour la première fois au cinéma. Ce sera pour l’un des films les plus monumentaux du 7e art : Sous le plus grand chapiteau du monde, signé Cecil B. De Mille. Pour le gamin de 4 ans, le déraillement du train libérant les animaux du cirque dans la campagne est un choc émotionnel. Pour s’en guérir, il ne va avoir de cesse que de reproduire cette scène à partir d’un circuit miniature. Son père va lui conseiller de filmer le déraillement en chambre et de le visionner à l’envi. Sans le savoir, il est en train de nouer la destinée de son fils. Ce dernier, nous allons le suivre au gré des déménagements de ses parents d’une ville à l’autre. Papa plutôt en avance sur l’informatique et convoité par des futurs grands du secteur : GE et IBM. Maman, elle, est artiste, pianiste à ses heures et un brin planante. Ils sont partagés quant à la passion naissante de Sam pour la vidéo. Alors que le père regarde de loin, méfiant, la mère pousse son rejeton à poursuivre dans son désir. De petits formats de films familiaux, Sam va passer à des projets plus vastes, avec mises en scène dans lesquelles il invite tous ses amis à participer. A l’évidence, les projections qui suivent sont des succès. Et pas que d’estime.  Les dés sont jetés. Il doit à présent rencontrer les personnalités du milieu. Le premier sera John Ford pour un entretien éclair dans lequel le géant lui explique où doit se trouver dans un plan la ligne d’horizon. Moment jubilatoire qui lève un voile sur la légende dorée d’Hollywood. Sam a 16 ans. Clap de fin et public aux anges, ébloui par l’éternelle magie qui opère sous la caméra de celui qui porta un petit extraterrestre sur les sommets d’un triomphe mondial.

La distribution est tout simplement fabuleuse en ce sens que l’on croit dur comme fer à chacun des personnages de ce film. Pour trouver son alter ego, Steven Spielberg a choisi un jeune acteur canadien, Gabriel LaBelle, juif de confession comme lui. Et cela était certainement nécessaire car dans son film le réalisateur insiste sur l’antisémitisme sévissant alors aux USA, en Californie en particulier. Michelle Williams et Paul Dano, en parents trop bien sur eux pour être honnêtes, sont une image « historisée » de l’american way of life des années 50/60. La courte apparition de David Lynch en John Ford allumant son cigare incendiaire est un moment de pure jubilation. Des plans à tomber par terre de perfection et de sens inondent ce film finalement bouleversant. On en sort sur un petit nuage.

A voir vraiment absolument.

Robert Pénavayre

Cinéma

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