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« La Soupe au canard » de Leo McCarey

by Bruno del Puerto

La rencontre entre Leo McCarey, l’un des futurs maîtres de la comédie américaine (L’Extravagant Mr Ruggles, Cette sacrée vérité, Elle et lui…), et les génies comiques qu’étaient les Marx Brothers – si elle n’est pas allée sans tensions durant le tournage – a donné naissance à un chef-d’œuvre. La Soupe au canard, sorti en 1933, est le dernier-long-métrage réunissant les quatre frères : Groucho, Harpo, Chico et le falot Zeppo. Ce dernier n’apparaîtra plus dans les films suivants tandis que le « cinquième » frère, Gummo, ne franchit jamais la frontière séparant le music-hall et le théâtre du cinéma.

Placé à la tête d’un pays imaginaire d’Europe baptisé Freedonia, grâce à l’influence de la richissime madame Teasdale (Margaret Dumont, fidèle partenaire et souffre-douleur des Marx), Rufus T. Firefly (Groucho), après quelques péripéties rocambolesques, va déclarer la guerre au pays voisin, Sylvania, déclenchant ainsi la liesse générale.

Folie collective

La Soupe au canard porte à son paroxysme le talent des Marx Brothers. Les dialogues, gorgés de jeux de mots et de calembours, crépitent à un débit de mitraillette. Le verbe et la verve de Groucho font merveille. Les gags tombent en cascade, fourmillent d’inventivité à l’image de la scène du miroir devenue culte. L’absurde et le non-sens règnent en maître. Des numéros musicaux se fondent dans ce tourbillon frénétique. Entre le vaudeville, le slapstick et la satire politique, le film fonctionne autant sur son énergie que sur sa mécanique imparable.

Derrière le pur burlesque, La Soupe au canard montre aussi un monde au bord du gouffre, en proie à une fièvre et à une folie collectives. Cette fable sur le pouvoir, qui possède des airs de cartoon de Tex Avery, est à ranger à côté du Dictateur de Chaplin. Quant au titre, « Duck soup » en version originale (on aperçoit au générique des canards vivants s’ébattant dans une marmite), il désigne en argot quelque chose de facile à faire. Ce ne fut sans doute pas le film le plus facile à faire, mais les Marx Brothers en ont fait un classique.

Christian Authier

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