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« Couleurs de l’incendie » de Clovis Cornillac

by Ines Desnot

Clovis Cornillac réalise ici une adaptation très fidèle de la suite d’Au revoir là-haut. Cette trilogie signée Pierre Lemaître s’est terminée en 2020 avec la parution de Miroir de nos peines.

Léa Drucker (Madeleine) et Benoît Poelvoorde (Gustave)

C’est donc directement la suite du magnifique film d’Albert Dupontel sorti en salle en 2017 avec le succès mérité que l’on sait. Nous sommes à présent en février 1927. Marcel Péricourt (Niels Arestrup dans l’opus précédent) vient de mourir. Ses obsèques grandioses vont être l’objet d’une scène épouvantable. Se jetant d’une fenêtre, son petit-fils, Paul, s’écrase sur son cercueil.  Il n’en mourra pas mais restera paralysé.  L’ouverture du testament de Marcel Péricourt nous permet de faire connaissance avec la famille et des proches de ce richissime banquier.  Sa fille, Madeleine (Emilie Dequenne dans l’épisode précédent) se retrouve à la tête d’un empire dont elle ne connaît absolument pas la technicité et encore moins les rouages et autres chausse-trapes. Heureusement Gustave Joubert (Benoît Poelvoorde, machiavélique), le Fondé de pouvoir de Marcel Péricourt, l’assure de tout son soutien. Un soutien qu’il aimerait d’ailleurs beaucoup plus…intime. Mais Madeleine refuse.  De colère, ce dernier va la précipiter vers une faillite retentissante.

Seule au monde avec Paul, son handicapé de fils, un fou d’opéra et de Solange, une cantatrice célèbre, Madeleine, ruinée, rumine sa vengeance. Elle va pouvoir compter sur le chauffeur de la maison, Monsieur Dupré (Clovis Cornillac formidable). L’histoire en elle-même est feuilletonnesque et romanesque à souhait. Les décors sont magnifiques tout comme les costumes et les lumières. Une incursion dans le monde allemand de cette époque donne le titre du roman et du film. L’Europe va s’enfoncer dans un délire infernal, celui de la Seconde guerre mondiale. Pierre Lemaître, auteur du roman, ici adaptateur, scénariste et dialoguiste, nous montre au travers de cette fiction l’attrait qu’exerçait le IIIème Reich sur les élites intellectuelles et politiques de la Troisième république française.

Si Léa Drucker est une Madeleine manquant de flamboyance, Olivier Gourmet en tonton Péricourt ne lui cède que peu de terrain. C’est donc dans les seconds rôles que l’on peut trouver un certain bonheur : Alice Isaaz, Jérémy Lopez, Alban Lenoir et même Fanny Ardant (Solange) qui, jusque dans sa véritable caricature d’une cantatrice évaporée, participe à l’émotion générale.

Une suite en demi-teinte donc mais un cinéma franc du collier, qui ne cherche pas midi à quatorze heure et qui ravira le plus grand nombre.

Robert Pénavayre

Cinéma

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