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I’m Your Man, un film de María Schrader

by Bruno del Puerto

Les vertiges de l’Intelligence Artificielle

Les androïdes ont la côte en ce moment dans les salles obscures. Trois films se disputent le podium : L’Homme parfait de Xavier Durringer, After Yang de Kogonada, et le film sous rubrique : I’m Your Man de María Schrader. Il faut croire que le sujet intéresse. Et c’est vrai. D’autant que le dernier opus de la réalisatrice allemande est une réussite aussi vertigineuse qu’envoûtante.

I'm Your Man
© Christine Fenzl

I’m Your Man raconte l’histoire d’Alma qui est une brillante scientifique, et personne ne le conteste. D’ailleurs elle va se prêter à une expérience peu banale : vivre trois semaines avec Tom. Sauf que Tom est un androïde, traduction : un robot à l’apparence humaine. Tom est programmé pour rendre Alma heureuse et satisfaire donc à tous ses désirs. Et tant qu’à faire la machine est du style « beau gosse ». L’objet de l’expérience est de valider, ou non, le sujet. Après un bug initial vite réparé, Tom entre dans la vie d’Alma…Issu des dernières découvertes en matière d’Intelligence Artificielle, Tom se révèle un partenaire parfait, idéal. Trop peut-être d’ailleurs. Tant et si bien qu’Alma se sentant en danger arrête l’expérience. Du moins le croit-elle…

Le film I’m Your Man nous plonge dans la nébuleuse incommensurable des algorithmes les plus savants et avancés. Et chacun sait à présent qu’un jour les machines nous gouverneront. Ce qui est peut-être déjà le cas. Cette comédie, SF pour l’instant, lève un coin de voile sur notre pauvre condition humaine. Elle n’en finit pas de poser des tonnes de questions…sans réponses. Dans le cas de figure, l’essentielle est de savoir si l’on pourra tomber en amour pour une machine qui, en fait, se révèle un partenaire parfait ? La réponse est a priori –trop- immédiate. Une autre, au hasard : ces androïdes, peu importe le sexe, ne peuvent –ils pas nous condamner à volontairement vivre seuls, à consommer des désirs qui n’auront plus le moindre attrait au bout d’un moment ? Et puis, Dieu dans tout cela ?  Il y a ainsi une myriade de questions sous-jacentes dont finalement les réponses appartiennent à chacun.

© Majestic

En définitive, ce film interpelle personnellement plus qu’il n’en a l’air.  Pour le rôle d’Alma, Marem Eggert a reçu l’Ours d’argent du Meilleur Premier rôle lors de la Berlinale 2021.  Son cheminement dans ce film est certainement le nôtre, ne nous trompons pas. A ses côtés, Dan Stevens est un Tom hallucinant de froideur comme d’empathie. Il vous troublera jusqu’au fond de votre âme. Et surtout bien plus que vous ne le souhaiteriez.

Ce film ? Une pépite !!!!

Robert Pénavayre

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