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« Amarcord » de Federico Fellini

by Administrateur

Les films qu’il faut avoir vus : Amarcord (5)

Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.

« Fellinien » : ils ne sont pas si nombreux les cinéastes ayant donné naissance à un adjectif désignant leur style. Dans son cas, cela suggère un mélange de baroque, d’exubérance et de merveilleux que déploieront, après ses premiers classiques (Les VitelloniLa strada), les œuvres de la maturité comme La dolce vitaHuit et demi, Satyricon ou Amarcord, sorti en 1973, sans doute son film le plus intime et autobiographique et par là même le plus émouvant. Il retrace la vie d’un adolescent, Titta, et de sa famille dans un petit village de Romagne durant l’Italie fasciste des années 1920 et 1930. Le gamin et ses copains collectionnent les potacheries face à des professeurs aux trognes incroyables. Ils ne pensent qu’à perdre leur pucelage, mais il faudra attendre même si une exubérante buraliste à la poitrine opulente serait prête à se dévouer.

Cette chronique douce-amère, souvent hilarante, par moments mélancolique, enchaîne des scènes d’anthologie telles les disputes familiales sous l’œil indifférent d’un oncle réfractaire au travail. Un autre oncle, un brin dérangé, crie « Je veux une femme ! » depuis son arbre perché. Pépé, lui, a les mains baladeuses.

Je me souviens

Dans les rues, la belle Gradisca fait tourner les têtes. Un vieil homme se perd dans le brouillard. Des gosses s’émerveillent devant la neige qui tombe. Un motard fou fait pétarader son engin la nuit. On guette un paquebot au loin comme une promesse d’ailleurs. Les fascistes font boire de l’huile de ricin à ceux qui doutent du Duce. Il y a aussi un maçon qui écrit des poèmes, un aveugle qui joue de l’accordéon, une mère malade qui semble être redevenue une enfant, un paon qui s’échappe… La féérie n’est jamais loin, la poésie non plus. Fellini métamorphose ses souvenirs en cinéma pur. La musique de Nino Rota participe à la magie. Evidemment, une nostalgie roborative irrigue tout cela. On n’est donc pas surpris d’apprendre qu’en dialecte romagnol « Amarcord » signifie « Je me souviens. »

Christian Authier


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