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Le Sommet des Dieux, film d’animation de Patrick Imbert

by Administrateur

La quête de l’absolu

Le premier long-métrage en solo de Patrick Imbert conjugue à la perfection quête métaphysique et thriller de la meilleure veine. Un chef-d’œuvre !

Georges Mallory et Andrew Irvine ont-ils, ou non, vaincu l’Everest le 8 juin 1924 ?  Sans nouvelles de ces deux alpinistes, la gloire en est revenue au duo Edmund Hillary et Tensing Norgay le 29 mai 1953. Ainsi est écrite l’Histoire.  Or, voilà que, 70 ans plus tard, à Katmandou, Fukamachi, reporter pour une célèbre revue alpine et toujours en mal de scoop pense reconnaître le fameux appareil photo Kodak Vest Pocket qui renfermerait la pellicule contenant les preuves d’un exploit qui rebattrait les cartes de la légende des grimpeurs de l’extrême. Il est en fait entre les mains d’Habu, un mystérieux alpiniste que l’on pensait proscrit depuis longtemps et carrément sorti des radars.  A ses risques et périls, Fukamachi se propose de réaliser un reportage-photo de la prochaine expédition en solo d’Habu. C’est dans une animation en littéral état de grâce que nous arrive l’adaptation du manga de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura. Dessinant au plus près non pas seulement les hommes mais surtout leurs élans vitaux, ceux capables de leur faire accomplir l’impossible, Patrick Imbert nous embarque vers une quête aussi métaphysique qu’existentielle en un long et douloureux cheminement. Celui-ci conduit à n’en pas douter vers sa vérité, sa soif d’absolu, son désir de dépassement, sa volonté de franchir des frontières de toutes sortes offrant ainsi des victoires qui ne peuvent que se teinter d’orgueil… C’est vertigineux, euphorisant, angoissant, fascinant pour finalement interpeller sur des motifs dépassant le commun des mortels et leur entendement. Le dessin, d’une incroyable pureté, et une BO totalement planante signée Amine Bouhafa vous promettent un voyage dont vous ne ressortirez pas indemne face aux questionnements ultimes qu’il provoque. Somptueux, il n’y a pas d’autre mot.

Rappelons que ce film a reçu le Prix Spécial de la Fondation Gan pour le cinéma dans le cadre du Prix à la Création en 2018. Bien vu !

Robert Pénavayre


Après un passage à l’Ecole des Gobelins, cet Audois devient animateur, son crayon s’affinant autant à Paris qu’à l’étranger.  En 2017, il a tout juste 40 ans, Patrick Imbert réalise « Le Grand Méchant Renard et autres contes » avec son complice Benjamin Renner.  Il s’éloigne ensuite peu à peu de l’animation proprement dite au profit de l’écriture et de la réalisation. Et signe un chef-d’œuvre !


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